Edmond Albe (1861-1926) - D'après un portrait photographique aux A.D. du Lot.
Edmond Albe
(1861-1926)
Les monographies
d'Edmond Albe

Quercy Historique

Bouziès Haut

La seigneurie
Fief de Conduché
Fief de Condat
La Communauté
Note : Bouziès-Bas se trouve dans la monographie de Saint-Géry.
Au point de vue religieux Bouziès-Haut, sur la rive gauche du Lot, et Bouziès-Bas, sur la rive droite, ne faisaient qu'un, l'église Saint-Martin de la rive droite étant annexée à l'église Saint-Léger de la rive gauche. Aujourd'hui, Bouziès-Bas est commune de Saint-Géry (voir ce nom).
La forme actuelle Bouziès s'écrivait autrefois Boziers, Voziers, Voziès. On ne sera pas surpris de trouver la forme latine de Vosias dans un acte du XIè siècle qui se trouvait au cartulaire de l'Eglise de Cahors. Le vicomte Guillaume et sa femme Béatrix, sans doute un vicomte de Saint-Cirq, tout proche, donnent à Dieu et à Saint-Etienne pour le salut de leurs âmes, leur fils Raymond et comme dot monacale (ou canoniale) les alleux qui ont pour limites d'une part le chemin qui part de l'église de Bouziès (Vozias) et passe par Ignolas jusqu'au breuil de Gresers, jusqu'au village appelé Mas.
Les deux églises de Bouziès faisaient partie de l'archiprêtré de Saint-Cirq-la Popie ; elles étaient à la collation épiscopale. Aux XVII-XVIIIè siècles, elles appartenaient à la congrégation foraine de Concots.
Etait recteur de Bouziès-Haut, en 1333, Arnaud Garnit.
En 1518, les deux églises, unies provisoirement à celles de Crégols, avaient pour curé Guillaume Fizames, dit recteur ou prieur. Il résignait en 1529. La bulle qui confère les églises de Bouziès à Charles Balitran explique la raison de l'union temporaire de Crégols. A cause des guerres qui avaient si longtemps désolé le pays et autres fâcheux événements, les revenus de Bouziès étaient devenus tout à fait insuffisants pour permettre au curé de vivre et de supporter les charges du bénéfice. Les deux paroisses n'avaient presque plus de fidèles "nullos aut paucos parochianos tunc haberet".
Le pape unit donc au prieuré de ces deux églises le prieuré de Saint-Pierre de Crégols. Cette union fut faite en faveur de Richard Fizame, archiprêtre de Saint-Cirq, qui eut aussi les églises de Berganty et de Signac (Esclauzels) en 1497. Guillaume Fizame eut Crégols et Bouziès. Mais maintenant (XVIè siècle) les revenus étaient devenus plus abondants, les charges pouvaient plus facilement être supportées, et le nombre des paroissiens s'était considérablement accru ; d'autre part la distance entre Crégols et Bouziès rend pénible cette union aux fidèles de la première paroisse. En conséquence, le souverain pontife rompait l'union et rendait indépendantes l'une de l'autre les églises de Bouziès et de Crégols (1er avril 1529) - Jean de Rodorel, de la famille des seigneurs de Conduché était recteur avant 1547. Il résigne et le 18 novembre 1547 il est remplacé par son frère François de Rodorel.
Une bulle de 1555 qui permet à Charles Balitran d'avoir un autre bénéfice nous montre que l'on ne savait plus très bien le sens du mot alti que l'on trouvait dans des actes précédents : Boziers alti et Boziers bassi, parce qu'ici nous trouvons "de Boziers altis seu oltis". Alti donnait l'idée d'Olt et de Lot, les villages étant situés sur les bords de la rivière.
En 1695, Emmanuel Galiot de Cugnac de Giversou est dit seigneur et prieur de Bouziès.
Jean Maynard, ancien vicaire de Martel et longtemps curé de Lalbenque, était curé, avant 1753.
Le 28 octobre 1753, Gabriel Delfieux, originaire du diocèse de Rodez. Né en 1715, il fut prêtre en 1748, bachelier de l'Université de Cahors : successivement vicaire à St Paul d'Espis, Touffailles, Cremps, vicaire le 1er mars 1753 et curé le 28 octobre. Il dut prêter le serment constitutionnel, car le pouillé de l'évêque d'Anglars le porte comme très bon. Il mourut à Cahors pendant la Révolution (1795) âgé de 80 ans, chez la Veuve Laucou.
L'église a été construite en 1347 (style roman) - Le clocher est de 1878.
bullet_b.gif (912 octets) La seigneurie
Il y eut une famille de chevaliers du nom de Bouziers (Vozies), au XIIIè siècle. Deux Bertrand de Vozies et un Gaucelin de Vozies, chevaliers de Saint-Cirq la Popie, se trouvent parmi les chevaliers et les nobles de Saint-Cirq qui, unis aux membres de la Communauté de cette ville, jurent, en 1243, d'observer la paix conclue entre le roi de France et le comte de Toulouse.
En 1285, Guillaume de Bouziès (Vozias), donzel, se porte garant dans un contrat de mariage à Belfort. En 1327, un autre Guillaume de Bouziès (écrit Voisiers et Vouziers), chevalier, est dit beau-frère de Gme de Montaigu ; sa femme, Comtors de Montaigu vend quelques rentes à Laurent Burgade.
Bouziès Haut était en la juridiction de Saint Cirq la Popie.
Au XIIIè siècle, les de Gourdon étaient suzerains de Bouziès, ainsi qu'on peut voir dans le dénombrement fait en 1259, au comte Alfonse de Poitiers, par Fortanier de Gourdon : il dénombre le fief que tiennent de lui les hommes de Vozias.
Des Gourdons, la seigneurie passa aux Cardaillac Saint-Cirq. Ainsi, le 15 décembre 1438, Antoine de Cardaillac donne à nouveau fief la terre de Boziès sobeyran à Déodat, Pierre et Raymond de Cabessut (de Saint-Cirq).
Le 26 mars 1483, Raymond de Cardaillac dénombre Voziès parmi ses possessions. En 1488, 5 décembre, il donne à nouveau fief à Guillaume et Bernard Marquès, Déodat Conquet, Bernard Caylar, Pierre Rouquié, Hugues Roaldès, la terre de Bouziès. Il les autorise à avoir un bayle pour faire rendre la justice ; il leur cède le droit de pêche.
Le successeur des Cardaillac, Antoine de Peyre, seigneur de Peyre en Gévaudan, baron de Saint-Cirq, etc, déclare avoir vendu la directe de Bouziès à noble Pierre de Rodorel, seigneur de Conduché.
Les de Rodorel sont seigneurs de Bouziès jusque vers 1776.
bullet_b.gif (912 octets) Fief de Conduché
Conduché, château sans caractère aujourd'hui : ce n'est qu'une fort grande et vieille maison, avec des fenêtres à meneaux et une tour ronde sur la route. Il y eut primitivement une famille de ce nom (on trouve en latin Conducherii).
En 1517, Forton de Conduché faisait son testament. De son fils Bertrand et d'Isabelle de Chaumette (Calmette ?) naquit Françoise de Conduché qui épousa le 9 mars 1523 Pierre de Rodorel, seigneur de Frayssinet et de Fargues. Il devait prendre le nom de Conduché. Sa femme teste en 1535 : elle demande la sépulture en la chapelle du Saint Sépulcre de Saint-Cirq-la Popie, fondée par sa famille. Pierre épousa en 2es noces Françoise de Leigue.
Il teste en 1569 ; dans son testament il est dit seigneur de Frayssinet, Conduché, Bouziès, il veut être enseveli à Frayssinet.
Les Rodorels seront encore seigneurs directs de Conduché au XVIIIè siècle : en 1672, ils achètent la haute justice à noble Pons de Bécave, seigneur de Sérignac et de Saint-Cirq (noble Seigneur Annet de Rodorel). Le contrat est du 1er juillet (Bach, notaire).
Mais à leur tour, ils vendent la seigneurie de Conduché (1776). Le 28 octobre, M. de Barrau, gendre Rodorel par sa femme Perrette de Conduché, héritière, vendait à Pierre de Malleville, seigneur de Condat, coseigneur de Camboulas, les biens de Conduché, Pech la rive, Soumeroque [?], St Cirq, diverses rentes (dîmes) inféodées, et le droit de patronnage sur la chapelle du St Sépulcre à St Cirq. En 1786, Pierre de Malleville est dit seigneur de Condat, Conduché, et Bouziès.
Il y avait, avant 1687, et peut-être aussi ensuite, une chapelle à Conduché. Dans un inventaire de ce temps, on trouve (sans date) permission de bénir la chapelle du château.
bullet_b.gif (912 octets) Fief de Condat
Ce repaire ou château est situé en amont de Conduché, mais sur la rive gauche du Célé.
En 1503, noble Antoine de Saint-Géry, alias Condat, faisant son hommage au roi, dénombrait ainsi ses possessions : «tient sur la rivière du Célé les territoires de Condat et Coudoles (Coudoulous) et Molyargues avec basse juridiction jusqu'à 60 sous tournois, et hommage de M. le sénéchal de Quercy et de M. de Saint Sulpice. Il y a maisons, granges, jardin, canabal, etc. Il y a une "fontaine de poisson" et un "peschier"».
Le même possède une maison en la juridiction de St Cirq. Il se plaint que ses charges sont nombreuses. Il a trois filles mariées qui lui coûtent beaucoup et il en a trois autres à marier. Il a un fils prêtre qui a sur la dite maison son titre clérical.
La "borie" de Condat appartenait avant 1452 à Pierre Tornavi (ou Cornavi), marchand de Cajarc ; elle fut prise à cette date à bail emphythéotique par noble Antoine de Saint-Géry, fils de Pons, qui lui fit la reconnaissance en présence de noble Jean de Félenon, seigneur de Parisot. Cet acte en renferme un autre où l'on voit que Pons de Podio, alias de Saint-Géry (de St Jorio), père d'Antoine, avait vendu à Pierre Cornavi, père du précédent, une rente sur cette même borie de Condat. Les confronts du domaine sont : la borie de Jean Conduchier, le pech de Codolos (Coudoulous), la borie del payré ; le frau de Cabrerets, la terre de Géraud de Geniès.
En 1689, le château de Condat était à la famille de Balaguier. Le 15 mai, au château de Condat, paroisse de Bouziès Haut, dame Angélique de Gironde, veuve de noble Jean de Balaguier, seigneur de Condat, et noble Scipion de Balaguier, mère et fils, vendent à messire Jean de Gontaud d'Auriole, chevalier, seigneur comte de Cabrerets etc une rente sur le tènement de Molhiargues, paroisse de Cabrerets, 738 livres. Témoin : noble Henri de Rodorel, seigneur de Conduché.
On a vu qu'en 1776 il était à M. de Malleville, l'acquéreur de Conduché.
Il faut relever une redevance fort ancienne due par le sieur de Rodorel, pour la terre de Conduché, au seigneur de Saint-Cirq, en plus de la prestation de serment de fidélité. Elle était due à la première arrivée de l'épouse du dit seigneur : il devait aller au devant de la dite dame, la tête et les bras nus, prendre les rênes de son cheval et la conduire ainsi dans le château de Saint-Cirq. (Hommage rendu le 5 octobre 1700 à messire Pons de Bécave par noble Pierre Annet de Rodorel).
Dans le manuscrit de Albe, se place ici un arbre généalogie griffonné où sont mentionnés :
Forton de Conduchié (qui teste 1517)
Bertrand et Isabelle de Chaumette (en ligne)
Pierre de Rodorel, seigneur de Frayssinet, épouse Françoise - 9 mars 1523. Il teste en 1569 elle teste en 1535 (en 1541 transige avec Fort de R.)
François de R.
Pierre, quiépouse le 29 novembre 1593 Charlotte de Cassaignes (parentés avec les seigneurs du Roc)
Antoine fils de François épouse Isabeau de Prévost et Vervaix.
Il teste en 1636.
un frère ? Charles de R. sieur de Trégantou.
Annet ou Pierre-Annet de Rodorel épouse 1°) Jeanne de Beau...[?] 1660 2°) Marie de Meillan.
Autres enfants d'Antoine : Arnaud, seigneur de Bogros, prêtre, titre clérical 1653 ; Béatrix, religieuse à Gaillac, professe en 1677 ; Henri, seigneur de Coronzac, il épouse Charlotte de Rodorel.
Henri de Rodorel fait faire l'inventaire des papiers et meubles de son père (1687).
bullet_b.gif (912 octets) La Communauté
Bouziès Haut formait une communauté avec Béars, du sénéchal, de l'élection et subdélégation de Cahors. Aujourd'hui Béars est de la commune d'Arcambal.
Le cahier de doléances de 1789 a été publié par M. V. Fourastié, archiviste départemental, dans son volume, p. 20. L'auteur a cru qu'il s'agissait de Bouziès-bas, il a mis Bouziès canton et commune de Saint Géry ; et en note : il y a aussi dans le même canton une commune qui porte le nom de Bouziès Haut. Celle-là n'aurait pas eu de cahier. Mais c'est précisément celle-là qui marchait avec Béars. Bouziès-bas faisait partie de la communauté de St-Géry.
Il commence par une plainte sur le sort du laboureur en général ; il demande qu'on cherche les moyens à prendre pour empêcher les plantations de vignes dans des fonds qui porteraient du blé et les défrichements des bois pour ces plantations ; pour multiplier les pacages. De la multiplicité des vignes il résulte que le vin ne se vend pas et que le blé est très cher.
On demande la réduction des droits de contrôle et une plus équitable répartition des impôts ; la remise du Quercy en pays d'Etats, la suppression du faste et du luxe.

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