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Perdue en plein Causse, cette paroisse a été fort
tranquille et n'a pour ainsi dire pas d'histoire. Elle a même été privée d'une de ses
gloires, car la fameuse grotte du Robinet est appelée partout grotte de Marcillac, bien
que située sur le territoire de la commune de Blars. |
Cependant, il est question de Blars d'assez bonne heure.
C'était une possession de l'abbaye, toute voisine, de Marcillac. Comme bien d'autres
possessions de moines, Blars fut usurpé par le seigneur du pays. Comme il s'appelait
Barasc, on a pensé que c'était un Barasc de Béduer.
Cela n'est pas probable, et vraisemblablement c'était Barasc ou Barascon de Thémines ;
le nom de Barasc est fréquent aussi dans cette dernière famille qui eut toujours la
seigneurie de Caniac, paroisse également usurpée, et le tènement de la Barasconie, en
la paroisse de Blars (voir Béduer). |
Ce seigneur était parti pour la première croisade ou peu
après. Mourant au Pays du Christ, il voulut réparer sa faute et chargea l'évêque de
Cahors, venu également en Terre Sainte, d'une lettre pour obliger ses parents à
restitution. Ce ne fut pas sans peine que ceux-ci s'y résignèrent, et il fallut, raconte
une ancienne chronique de Marcillac, que l'abbé Gombert comptât aux seigneurs de
Thémines qui étaient ses parents, à ce qu'il paraît, une certaine somme d'argent pour
qu'ils fissent l'abandon des droits seigneuriaux qu'ils prétendaient. |
En tout cas, Blars devint ou redevint un prieuré de
l'abbaye bénédictine. Les moines y bâtirent un monastère dont il ne reste que
l'église et le puits qui devait se trouver au centre du cloître. Mais l'église, dont on
a refait la nef (1886-7), a gardé son beau cachet de pur roman, et une jolie porte
latérale, qui donnait sur le cloître, aujourd'hui place publique. Un escalier qui
montait aux cloches, et qui était construit dans l'épaisseur du mur, a perdu presque
toutes ses marches et n'est plus guère qu'un curieux sentier montant. |
La première mention que nous ayons du prieur de Blars est
de 1193. Il est mentionné parmi ceux qui étaient absents de l'abbaye lorsque l'abbé
abandonna Roc Amadour aux moines de Tulle. Mais il n'est plus question du prieuré et l'on
ne trouve pas de nom de prieur (du moins de prieur régulier, à la tête de moines ou
religieux, lui-même de l'abbaye. Mais, en 1547, le prieuré, c'est-à-dire les revenus de
Blars, était donné à Jean d'Hébrard). |
Nous pensons qu'il dut être démoli pendant la guerre de
Cent ans. L'abbé de Marcillac est seigneur de Blars comme de Marcillac (les revenus des
deux localités sont compris dans les mêmes comptes). |
La dîme est à 11, dit un état de 1630, pour le blé, à
14 pour le vin. Elle vaut à l'abbé 50 charges de blé (froment, seigle, avoines par
lieu). Le curé, qui est à la présentation de l'abbé, reçoit 25 charges de grains et
10 charges de vin. En 1750, la dîme se partageait ainsi : 2/3 à l'abbé, 1/3 au curé. |
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Quelques noms de curés |
En 1650, Pierre Calvet, mentionné dans un acte de
baptême sur les registres de Gourdon. |
Vers 1747, Guillaume Pebras, sans doute de Martel - voir
Bétailles -, ancien vicaire du Puy à Figeac. |
1763, Jean-Pierre Méric, décédé vingt ans plus tard. |
10 mars 1783, l'évêque de Cahors, au nom de l'abbé de
Marcillac, qui était le cardinal de Zelada, présente lui-même et agrée naturellement
Antoine Cariteau. Mais celui-ci ne fait que passer. Il est remplacé, sur sa résignation,
par Pierre Doucet, recteur de Camboulon [?], 13 septembre 1783. Deux ans après, Doucet
démissionne et Me Antoine Gamel, du diocèse de Saint-Flour, recteur de Vidaillac, lui
succède (8 oct. 1785). Il meurt moins de quatre ans après et c'est un vicaire de
Vaylats, Jean-Pierre Castel, qui le remplace, 11 mai 1789. |
Le titulaire de l'église de Blars est Saint-Laurent. |
Sur la route des Brasconies (section E du cadastre actuel)
un lieu dit : la Chapelle. |
Blars faisait partie de l'archiprêtré de Figeac, puis de
la congrégation foraine de Lentillac
du Causse. Il appartient aujourd'hui au doyenné ecclésiastique et au canton civil de Lauzès. |
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Seigneurie |
Elle appartenait, pour ce qui est de Blars même, à
l'abbé de Marcillac, ainsi que le montrent tous les actes, et le prieuré était de la
mense de l'abbé. |
Dans la déclaration du temporel de l'abbé Humbert
Ancelin, conseiller du roi, aumônier de la reine, qui sera évêque de Tulle, il y a un
quatrième lieu : la terre et la seigneurie de Blars, avec le bois de Caudamayous ou
Coudamayous. Le roi, est-il dit, n'a rien dans la paroisse et seigneurie de Blars. |
Les Brasconies sont un fief dont le nom rappelle assez le
propriétaire primitif, Barascon, sans doute ce Barasc qui avait usurpé la terre de
Blars. On distinguait deux Brasconies : la terre et brasconies de Saint Pierre,
c'est-à-dire de l'abbaye Saint-Pierre de Marcillac, domaine noble, à toute justice, et
les Brasconies de Thémines, qui furent, comme Caniac, tout voisin, aux Thémines, aux
Cardaillac puis aux Hébrard de Saint-Sulpice et à leurs successeurs. En 1680, Pierre
Pradel était métayer de la grande métairie des Brasconies. |
Les Thémines devaient le serment de fidèlité à l'abbé
de Marcillac pour leurs Brasconies. |
Il est souvent parlé des Brasconies dans ce document avec
diverses orthographes qui permettent de rattacher à ce nom celui de la Braunhie ou
Braugne (en latin silva barasconia) qui s'étend sur les paroisses de Caniac,
Blars, Quissac (Barasconies, Basconies, Brasnies, Brauhnies). |
Au moment où l'aliénation du temporel fut permise par le
pape pour subvenir aux dépenses de la guerre contre les protestants, le baron de St
Sulpice pria son frère, l'abbé Christophe d'Hébrard, de profiter de cette occasion pour
lui faire acquérir, entre autres biens, le bois de la Barasconye (décembre
1563). Le 25 mai 1564, un des agents de M. de St Sulpice lui écrivait qu'il aurait
acheté le bois de la Brasconie s'il y avait eu un commissaire du roi chargé de la
vendre, mais que ce commissaire s'était démis de sa charge. Il est encore question des
Brasconies à propos d'une nouvelle aliénation du temporel en 1572 ; mais non suivie
d'effet pour ce domaine. |
Quelques jours plus tard, l'abbé écrivait à son frère
: «Je suis en volonté de vous accommoder du bois de la Brasconye et voulais déjà le
faire quand vous étiez en Espagne ; mais je crains que ce sera mal aisé avec les
qualités que vous demandez ; c'est que ce ne soit point d'endroit qui soit maigre et
pierreux, car tout le bois est fort entaché de ce mal, et me semble que, pour vous mieux
accommoder et étendre plus loin vos limites, il serait plus expédient que vous en
eussiez du quartier qui est joint avec le terroir de Saint-Sulpice. Mais il y a encore
pire que cela, c'est que je ne puis vous vendre sinon le droit que j'y ai, avec toute
justice, mais les moines de Marcillac y ont leur chauffage et peuvent prendre du bois pour
bâtir, car aux premiers troubles la plupart de leurs maisons furent brûlées. Aussi y
ont-ils le droit de pâturage pour leur provision». |
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La communauté |
Blars était de l'élection de Figeac au point de vue
financier, mais du sénéchal de Cahors au point de vue judiciaire ; ce qui fait qu'on
trouvera son cahier de doléances dans le recueil de M. Victor Fourastié, p. 27 ; cahier
d'ailleurs très court et sans phrases. Il demandait un nouvel allivrement à cause de la
pauvreté de son fonds, l'égalité devant l'impôt, un secours pour la réparation de son
église, la suppression des fermiers généraux, le rétablissement de toutes les
prérogatives de la ville de Cahors. Et c'est tout. Il n'y a aucune plainte contre l'abbé
ou contre les religieux de Marcillac. |
L'abbé avait à Blars un four banal ; il fut mis en vente
en 1794, à 300 livres. |
Bien que situé dans une contrée fort peu passante, Blars
fut occupé par les bandes anglaises au temps de la guerre de Cent ans et de même pris
par les Huguenots (1586) au temps des guerres de religion en même temps que Quissac, qui
était à M. du Vigan, frère de l'abbé de Marcillac. |
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La grotte du Robinet - dite de Marcillac |
Elle a été fort admirée : on peut juger de cette
admiration par les vers que lui a consacrés Jean-M. Tuscan «Cryptae massiliacensis
topographia, ad Antonium et Christophorum Sansuplicios, illum episcopum et comitem
Cadurcensem hunc, abbatem massiliacensem». Ces vers (il y en a 152), ont paru dans
un recueil de poésies dues à des Italiens vivant en France, Peplus Italiae Lutetiae,
1578. Une partie de cette poésie a été publiée (mais avec beaucoup de coquilles)
d'après une copie de Dominici, dans un article sur la grotte des Brasconies. |
Il est question de la grotte du Robinet dans de très
nombreux ouvrages : aujourd'hui elle est peu intéressante, tellement la fumée des
torches en a abîmé les concrétions. |
Grotte du Cusoul des Brasconies. Celle-ci a cela de
particulier qu'elle a été habitée aux époques préhistoriques. |
Grotte de Paillès. Articles dans le Bulletin de la Soc.
des Et. du Lot par M. Fourgous. |
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