Edmond Albe (1861-1926) - D'après un portrait photographique aux A.D. du Lot.
Edmond Albe
(1861-1926)
Les monographies
d'Edmond Albe

Quercy Historique

Cras

La paroisse
La communauté. Bail emphytéotique
Ce nom vient-il du terrain dur et grossier, crassus, ou d'une famille dont un membre aurait été particulièrement gros, crassus ? Qui le dira. Ce qui est certain, c'est qu'il y eut une famille de Cras, laquelle, en particulier, donnait un évêque au siège de Cahors dans les premières années du XIIIè siècle : Guillaume de Cras.
Ce fut le chef-lieu d'une commanderie qui ne semble pas avoir eu très grande importance, puisqu'elle fut presque tout le temps unie à celle du Bastit.
La commanderie fut installée sur les limites d'une paroisse déjà existante. Peut-être est-ce l'évêque de Cahors, ci-dessus nommé, qui avait donné la villa de «Cratz» aux Templiers. Ce qui est certain, c'est que les Templiers possédaient cette villa lorsque, le 20 septembre 1255, l'évêque Barthélémy de Roux leur donna la paroisse. Mû, disait le prélat, par le grande affection que nous portons à l'ordre du Temple, et, particulièrement à frère Raimbaud de Caron, grand maître des chevaliers des maisons de Provence, nous lui avons donné, avec le consentement de notre chapitre, l'église du lieu de Cratz dont la villa est déjà une maison des Templiers, et l'église Saint-Laurent, tout près de la villa de Long (ou Longue , qui est Beauregard), nous réservant le droit d'y donner l'investiture aux chapelains de ces églises, quand elles vaqueront, sur la présentation des commandeurs du Temple de qui elles dépendront. Par le même acte, l'évêque confirme à l'ordre les églises qui sont dans la région de Lacapelle-Livron, ce qui a fait croire à dom du Bourg que Cras avait été uni à cette commanderie. Ce n'est pas ce que laisse supposer la charte, puisqu'il y est question des commandeurs respectifs à qui ces églises seront soumises.
Et en effet, peu d'années après, nous voyons qu'il y eut (1267) un différend au sujet des dîmes de Cras entre le curé du lieu et le commandeur du Bastit, Raymond Robert, différend qui ne fut réglé qu'en 1280. Le membre de Cras était donc à cette époque uni à celui du Bastit, sous un même commandeur, dans la chevalerie du Temple. Autre fait : en 1276, Raymond Robert fait une transaction avec le prieur de Molières (Francoulès) pour les limites des dixmaires de Nadillac, annexe religieuse de Cras et pour Saint-Pierre daverso (Liversou) sur le territoire de qui se trouvait le prieuré des chanoines réguliers de Molières (Voir Nadilhac).
Raymond Robert eut aussi des difficultés (1277) avec le curé de Cours et Saint-Michel, Pierre de Vieillesvignes, pour le même sujet. Comme décimateur de Cras et Saint-Julien, le commandeur voulait lever la dîme sur des terres et fiefs que l'on trouve en allant du ruisseau daverso vers St Michel, appelés de Villa, de Bias, de Pech-Guillem, de las Solières, de Martinesque et de Las Ramades. Le curé de Cours disait, de sa part que ses prédécesseurs avaient toujours levé ces dîmes, et nous pensons que ces terroirs sont encore aujourd'hui de la paroisse de Cours. L'on partagea à peu près les terroirs contestés entre les parties. Ce ne fut cependant qu'en 1280 (juillet, vendredi après la Ste Madeleine à Cahors) qu'eut lieu la transaction, par l'arbitrage de Guillaume Ganilh, curé de Fages près Cras et d'Etienne Farine, l'administrateur de l'église de Cras. Le commandeur concéda au curé de Cours qu'il pourrait, lui et ses successeurs, percevoir à perpétuité les dîmes et prémices des blés, vins, chanvre etc dans les terroirs qui lui étaient attribués, sous réservage en sa faveur, de la moitié du carnelage.
Le commandeur eut aussi à protester contre un curé de Cras qui, à la même date, 1291, pendant la vacance du siège, s'était fait nommer par le métropolitain, l'archevêque de Bourges, sans avoir été présenté, selon la règle, par le commandeur. Raymond Robert fit valoir ses droits, puis, parce qu'il était naturellement bon, il laissa dans la cure de Cras le curé qu'il n'avait pas choisi lui-même.
Cette bonté, un de ses successeurs la témoignait aussi peu d'années après (1306), dans une circonstance intéressante. C'était Géraud de Cances (ou Cauze), le dernier commandeur templier du Bastit et de Cras. Une femme dont le mari, Pierre Sepfag, avait été exécuté pour crime d'homicide «in furcis dicti loci, suis exigentibus demeritis», elle-même condamnée au bannissement pour crime de sorcellerie, avait reçu de lui et ses propres biens et les biens de son mari, également confisqués en vertu de la sentence des juges, afin qu'elle pût les employer à l'établissement de ses trois filles. Le damoiseau Raymond de Rassiels était à cette date bayle de Cras.
Donc la maison de Cras, même sous les Templiers, ne fut pas donnée à Lacapelle-Livron. Nous n'avons trouvé qu'un nom, de commandeur proprement dit de Cras - et encore ne sommes-nous pas absolument sûr qu'il n'ait pas été aussi commandeur du Bastit ; les dates permettraient de le croire : en 1250, Arnaud de Calmont, sans doute des Calmont d'Olt, seigneur de Castelnau de Bretenoux, arrentait le moulin de Marquefavre. L'acte mentionne avec lui trois autres religieux, frère P. d'Assier, fr. P. Bertal et fr. Barthélémy de Saint-Projet.
Quand l'ordre eut été dissous et les biens du Temple donnés aux Hospitaliers de Saint-Jean, la commanderie de Cras forma, durant quelque temps, un membre séparé. La Pomarède (près Peyrilles) la remplaça dans l'union avec le Bastit, puis le même commandeur eut les trois maisons sous son gouvernement.
En 1322, frère Raymond d'Hébrard, des Hébrard de Saint-Sulpice, commandeur de Cras, autorisé par les représentants du grand-prieur de St Gilles : Raymond de Caylus, commandeur de St Hugues, Guillaume Alquier, commandeur du Bastit, et le commandeur de Rignac en Rouergue, commissaires désignés pour enquêter au sujet des acquisitions d'Arnaud de Gironde, marchand de Cahors, dans la paroisse de Cras, fait un échange de rentes avec ce personnage qui devait être le chef de la noble famille des Gironde de Montcléra. Il avait acquis des biens et des rentes, en 1316, de Hugues de Maestre, cadurcien comme lui, et d'Arnaud de Combe, autres acquisitions, notamment du mas de Mejanaserre, qu'il arrentait, en 1321, à Géraud Julia. L'acte de 1322 (d'après un vidimus de 1454) nous fait connaître un pré des prêtres (ce qui suppose des obituaires) et la présence de donats dans la maison de Cras.
Les années suivantes le commandeur de Cras est Raymond de Saint-Maurice. En 1323, il fait un achat de tous les droits que pouvait avoir un certain Jourdain Capnovel sur le lieu de Cras en vertu de quelque concession à lui faite par le grand-prieur de St Gilles.
En 1324, il fait dresser une liste des rentes de Cras ; il donne à fief par l'intermédiaire du prêtre, Pierre Laborie, à Arnaud de Gironde , un pré qui confronte avec le cimétière de St Julien ; en 1325 il lauzime un achat d'Arnaud de Gironde dans la même région et près de Marquefave ; il reçoit diverses reconnaissances ; en 1327, il porte une sentence contre un habitant du lieu de Cras, Guillaume Grimal, qui a fait une tentative de meurtre contre un religieux de la commanderie, frère Guillaume de Villeneuve («qui ausu temerario, non verens deum et nominum, gladio evaginato, palam et publice, in platea publica dicti loci, pluribus personis presentibus irruit hostiliter, maliciose et injuriose... in fratum Gmum de Villanova, ord. supradicti... posse... faciendo... interficiendi cum pladio, nisi impediretur per astantum qui ipsum liberaverunt a morte ibidem Gulielmus Grimal gratiam ad volontatim ejusdem domini praeceptoris rogavit» - il fit amende honorable en présence de Guillaume de Gourdon, donzel, de Guillaume de Septfonds et du notaire Jacques Constant. Ses biens avaient été mis à l'encan ; nous le trouvons encore en 1329 (lauzimes et actes divers) et en 1335. Il avait pour bayle, en 1327, Hugues Canela, en 1329, Géraud Dayre. L'acte de 1323 nous donne les noms de trois religieux témoins d'une acquisition faite par Raymond de St Maurice : fr. Raymond d'Hébrard, redevenu simple chevalier, fr. Raymond de Costabeille, fr. Arnaud de Laborie).
En 1337, le commandeur de Cras est celui du Bastit, Guillaume Alquier. Il condamne un homme de Cras, Pierre Guilhem, qui a battu le bayle du lieu, Hugues Canela. Le coupable se soumet, accepte l'amende à laquelle on le condamne (10 livres tourn. pour la maison de Cras ; 2 pour le bayle ; 10 sous pour le sergent Arn. Delmouli, autant pour le greffier, 20 sous pour Me Guillaume de Boussac, juge du lieu pour les peines et écritures) ; il donne un gage à ce sujet et fait amende honorable à genoux. Parmi les témoins il y a deux prêtres (Notaire : B. Fabri). Ce Guillaume de Boussac était déjà juge de Cras en 1327.
Jean de Nogaret, également commandeur des deux membres soutient devant vénérable homme Pierre de Brive, docteur en droit civil, lieutenant du sénéchal Guillaume de Montfaucon, un procès contre les chevaliers de Rassiels, père et fils, qui «sous prétexte de sauvegarde royale, ont fait mettre les fleurs de lys sur des biens situés dans la juridiction de Cras au pont de Liversou (de Varsone) au pré de Durecoste, au pré de Camp Lanier, et cela au préjudice de la sauvegarde donnée au commandeur. Le juge ordonnait de les enlever, ils refusaient. Après enquête de fr. Pons de Benède, chevalier de l'ordre, procureur du commandeur, le sergent enlève les fleurs de lys avec tout le respect dû au roi». Un des témoins est d'ailleurs Pierre de Rupe, bayle royal de Vers.
Guillaume de Ricard a vers 1462-1463 un procès au sujet de quelques possessions en la paroisse de Velles, du côté de Coronsac (voir Vers).
Jean de Ricard fait, en 1480, une transaction avec les de Gourdon, seigneurs de Peyrille, pour des biens dépendant de la Pomayrède (voir Peyrilles).
Bernard Gros fait régler, en 1493, les limites du dixmaire pour un tènement appelé de Villas, disputé par le prieur de Cours, Talaban Alonson, archidiacre-mage de Cahors, et le vicaire perpétuel, Jean de Fénelon, qui ont perdu leur procès devant le Parlement de Toulouse.
Et ce n'est pas la peine de relever les actes divers des commandeurs du Bastit et de Cras relatifs à des reconnaissances. Notons seulement que parmi ces reconnaissances, il y en a un certain nombre pour des moulins : nous avons eu l'occasion de nommer le moulin de Marquefave, il y a encore le moulin de Saint-Julien, tous deux sur le ruisseau de Labarso (Liversou), le moulin des Peirières ou de Gindarme, de même ; le moulin de mestre Guiral appelé aussi moulin de Cras, beaucoup plus en amont sur le Vers.
Notons que dans une reconnaissance de ce dernier moulin, en 1678, au commandeur G. de Vilages, le tenancier Labarthe, qui l'avait acquis auprès de la famille de Castre, s'engage à y faire un moulin foulon.
Le commandeur jouit de toute justice, haute, moyenne et basse. Il a son juge le même que pour le Bastit : Me Mejecaze avec un lieutenant de juge, pour Cras : Pierre Cayla, avocat au Parlement, un greffier : Alain Malique ; un bayle ou sergent : Alexis Laur (visite de 1764).
La rente des emphytéotes est la même à la veille de la révolution qu'en 1462 (voir la communauté). Les habitants présentent chaque année les consuls de Cras et le commandeur les nomme.
Dans la visite de 1781, les visiteurs ont sur le plan de Cras «vu au milieu d'icelle un poteau de bois auquel le sr commandeur fait attacher un carcan garny de sa chaine de fer, ainsi qu'il avait été ordonné.»
De même qu'il a le pilori, il devait y avoir aussi autrefois les fourches patibulaires. La place du pilori s'appelait la Rode.
Le 19 août 1506, sur la présentation du commandeur Jean de Valon, l'évêque Antoine de Luzech donnait l'investiture de la cure de Cras et de ses annexes à religieux homme frère Pierre Sales, prêtre de l'ordre de Saint-Jean de Jérusalem (acte daté de Mercuès).
On trouve, en 1531, Jean Delmouly, nom déjà vu plusieurs fois.
En mai 1547, sur la présentation de frère Jean de la Valette de Parisot, qui avait délégué fr. François de Thermes commandeur du Burgat, Fr. Jean Lacaze ou mieux Lascases, prêtre de l'ordre, du diocèse de Cahors, recevait de messire Pierre Bertrand, chanoine de l'église de Cahors, docteur en droit, vicaire général de Mgr Paul de Carreto, l'investiture canonique pour la paroisse Ste Foi de Cras et ses deux annexes, St Martin de Nadilhac et St Julien des IV Combes, résignées par fr. Benoît Salelhes, dernier recteur ou vicaire perpétuel.
Jean Lacaze (ou Lascazes, est-il dit ici) ayant résigné par l'intermédiaire de Me Jean de Gréalou, son successeur frère Jean de Florent, présenté par le Commandeur Louis de Lespine, reçut l'investiture canonique du vicaire général, du même évêque, messire Jérome de Raymond, 28 mai 1552.
En 1591, Arnaud Delmouly.
bullet_b.gif (912 octets) La paroisse
La paroisse de Cras est antérieure à la commanderie, ainsi qu'on a vu dans la donation que fit l'évêque de Cahors de l'église de Cras au commandeur du Temple déjà possesseur de la villa. Elle comprenait deux annexes : Saint-Martin de Nadilhac (voir ce nom) et Saint-Julien dit des IV Combes ou de Gironde. Le curé était le plus souvent un religieux de l'ordre. Quand il était pris en dehors, régulièrement il était tenu de prendre l'habit et la croix d'obédience. Le commandeur le présentait à l'évêque de Cahors, et l'évêque donnait l'investiture.
Noms de curés
En 1277, Etienne Farine, qui était donat de la maison du Temple de Cras, et qui sert d'arbitre, avec le curé de Fages, entre le commandeur et le curé de Cours, est dit administrateur des églises de Cras et de Nadilhac. Nous avons parlé plus haut du curé qui s'était fait nommer par l'archevêque de Bourges en 1291 ; il s'appelait Guillaume Raymondin.
Sous les Hospitaliers, on trouve en 1316, 1323 comme recteur, Pons Clavel; en 1451, 1462, Jean Delmoly (ou Delmouly, de Molandino, de Molandinis) ; en 1494, Arnaud Delmouly ; tous les deux mentionnés dans divers actes ; le premier ayant résigné en faveur du second (installation le 3 novembre 1478).
Le 7 décembre 1610, l'évêque donne l'investiture de Cras et Nadilhac, vacants par la mort du recteur Antoine Boyssé, à Me Antoine Mazot qui n'est encore que diacre, mais qui a été reconnu idoine après l'examen canonique devant les examinateurs du Synode.
Il y a ensuite un peu de flou dans les documents. Il semble bien cependant que le successeur de Mazot fut Joseph ou Jacques Jourdanne, qui avait été longtemps vicaire. Le commandeur M. de Verdelin eut procès avec lui (1663) parce qu'il préfèrait Jean Degay qui fut curé ensuite et qui méritait bien cette préférence puisque le procès-verbal de visite de 1674 le dit un prêtre exemplaire, un véritable religieux. Il semble qu'en 1685 le recteur était Jean Delsoy qui avait pour secondaire le prêtre Andrieu, vicaire de Nadilhac ; il fit remettre la toiture du clocher (M. Foissac dit : 1681-1699 : Jean Delsoy et en 1724 Louis Metge). En 1693, Me Goudal dont le vicaire Jean Delsol résidait d'ordinaire à Nadilhac.
En 1701, Pierre Garrigue.
En 1702 et 1728, le recteur s'appelle Denys Metge qui a pour vicaire de Nadilhac Me Cambajou.
En 1743, le nouveau titulaire est François Rey, encore curé en 1754. Il semble que vers cette époque, le curé était absent et que le service était fait par le P. Girard, religieux carme.
Le 23 juin 1763 est installé Me Jean-Louis Davy. Il était né à Vers en 1729, fut successivement vicaire de Larnagol, La Capelle à Figeac, N.-D. des Soubirous à Cahors et Vers. Il était maître ès arts de l'Université de Cahors ; en 1784, il fut transféré à Cazillac (voir ce nom).
Me Louis Pégourié, vicaire de Nadilhac, le remplace comme curé le 28 juin. Celui-là prêtera le serment et fera partie du clergé constitutionnel de Mgr Danglars.
L'église actuelle de Cras a été construite en 1884-5, dans le style roman, consacrée le 4 mai 1886 : il y a trois autels ; l'église ancienne avait 4 chapelles, dont une dédiée à S. Roch. En 1781, la chapelle N.D. était dédiée à l'Immaculée-Conception.
Il a dû y avoir deux églises, l'une dédiée à S. Jean-B., la chapelle du château, l'autre, dédiée à Ste Foi, l'église paroissiale.
Cras était de l'archiprêtré de St André de Cahors, au XVIIIè siècle de la congrégation foraine de St Sauveur ; aujourd'hui du canton (civil et ecclésiastique) de Lauzès.
Le commandeur levait la dîme de Cras, Nadillac et St Julien ; pour le grain et la paille, au 1/10; pour le foin au 1/11 ; pour le chanvre et le lin au 1/14 ; pour le vin, le millet, les fèves, les menus grains, la laine, au 1/20 ; pour les agneaux, au 1/6 quand leur nombre dépasse 18, sinon il ne prend que deux agneaux (verbaux de 1754).
Il donne au recteur comme pension : 44 quartes de blé froment ; 10 livres argent ; 2 pipes de vin, 2 agneaux et 2 cochons de lait ; il lui laisse la jouissance d'une terre et d'un pré dans Nadailhac, le curé jouit du pré de la Raymondie.
Le sol de la dîme est à 200 mètres du château.
L'église fait groupe avec le château et la Tour ; le groupe, avec une cour, est entouré de grandes murailles ; le cimetière est au bout du village (Verbaux) - Le procès-verbal de 1764 dit que la tour est séparée du château et qu'elle a 5 étages.
Oratoire - Il est question parfois dans les monuments d'un oradour. Sur son emplacement, on a bâti en 1896 une chapelle Notre-Dame, en souvenir de celle dont la tradition avait conservé le souvenir.
Saint-Julien. Cette église, appelée des IV combes dans plusieurs documents n'existe plus que par le souvenir et le nom donné à quelques maisons sur le territoire de la commune de Cras. Elle existait encore en 1845 ; jusqu'à cette époque. On y disait la messe le 28 août, et des communes voisines on y venait en pèlerinage.
A cause du voisinage du château de Gironde (commune de Cours - voir ce nom), on a l'appelée quelquefois Saint-Julien de Gironde. Le nom de Saint-Julien a titré des membre de la famille de Montcléra (1448, noble Bertrand de Gironde, alias de St Julien, seigneur de Montcléra - Voir ce nom).
Des procès-verbaux de visite de la commanderie de Cras mentionnent souvent cette église : on la dit en bon état, de forme oblongue, voûtée à croisillons mais sans ornements. Quand on y célèbre les offices, il faut tout y porter de Cras. Il y avait un jardin et une maison à côté de la chapelle, pour le prêtre qui faisait le service. Longtemps paroisse annexe, on n'y disait plus la messe que le jour de St Julien et quand la piété des fidèles y appelait les prêtres de Cras.
bullet_b.gif (912 octets) La communauté. Bail emphytéotique
Le 15 octobre 1462, sous l'épiscopat de S.S. le cardinal de Lebret, évêque de Cahors, le commandeur Guillaume de Ricard, donnait le lieu de Cras à nouveau fief à quatorze emphytéotes par indivis. Il est dit qu'autrefois ce lieu avait été donné à fief à Pierre Reiveilhe senior, ses fils Bertrand et Jean Hugues Reiveilhe, Guillaume Beders, Jean Carle, Pierre-Guilhem et Guilhem Valelhes, Bertrand de Combe-Espinouse, Pierre Peizous, autre Pierre Reiveilhe junior, Jean Albespy et Hugues Tregos, acte pris par le notaire Me Durand Donat, de Figeac, le 20 novembre 1448, sous le cens de 14 sétiers froment, 7 sétiers avoine, mesure de Cahors, 7 livres tournois, 14 paires de poules, 7 livres de cire, 3 manoeuvres ou journées et 5 sous pour chaque tenancier, moyennant certaines conditions spécifiées par l'acte.
Mais cet acte avait été fait par quelqu'un qui n'avait pas les pouvoirs et l'ordre s'y trouvait en perte ; alors un nouvel arrentement fut fait à Pierre Reiveilhe senior, Pierre Reiveilhe junior, Géraud Tregos, Jean Reiveilhe, Bertrand Reiveilhe, Pierre Peizous, Pierre Valelhes, Guillaume Valelhes senior, Etienne Fromen, Guillaume Valelhes junior, Jean Carles, Mathieu Beders, Gér. Delmoli, Berenger Tregos, Guillaume Boydié, Alzéas (Elzéar) Poderos, Hugues Reiveilhe, Jean Lemosi et Guillaume Poderos, le 8 février 1457 (v. st.), sous le cens de 18 setiers froment, 10 setiers avoine, 10 livres tournoi, 14 livres de cire, avec réserve des biens de la mense du commandeur. Acte reçu par Me Gér. de Bramarie, notaire de Cajarc.
Guillaume de Ricard voulut faire, lui aussi, un arrentement nouveau et rendre meilleure la condition de la commanderie ; il distribua ainsi les 14 pagésies : 1. Pierre Vinche senior ; 2. P. Vinche junior ; 3. Géraud Tregos et Jean Lemosi ; 4. Jean Vinche ; 5. Bertr. Vinche ; 6. Pierre Valelhes ; les héritiers mineurs de Guillaume Valelhes senior et Etienne Froment ; 8. Guillaume Valelhes junior ; 9 et 10. Jean Carles et Mathieu Beders ; 11. Gér. Delmoli et Berenger Tregos ; 12. Guillaume Boysie et Elzéar Pouderous, 14. Pierre Peyrous. Tout le lieu de Cras, maisons, botges, cazals, courtils, patus, jardins, vignes, prés, terres cultes et incultes etc, les fontaines, les eaux et les forêts, les glandées et les pacages ; dont les confronts sont Nadilhac, St Michel, Cours, le ruisseau de Vers, la combe de Bournasel, St Martin de Vers et Fages, avec les entrées et sorties, les franchises, libertés, droits, devoirs, appartenances quelconques, tout cela leur est abandonné pour le posséder perpétuellement, sous réserve des aliénations défendues par le Droit, et de tout le fach ou lieu de Gironde et des terres qui sont de la mense du commandeur. Il se réserve encore le terroir de Favel, la Combe del mas, un pré à la Ramondie, et terre pour y faire une vigne et le pré Redon.
Le cens est celui de 1457 : 17 sét. froment ; 10 avoines ; 10 livres tournois ; plus par feu ou belugue 5 sols t. par an, 1 paire de poulets, 1 livre de cire, 3 journées d'homme, même si le chiffre des habitants ne dépassait pas 14 ils devraient fournir 14 livres de cire.
Comme droit d'acapte, à chaque changement du grand-maître de l'ordre, 10 livres tournois et 14 livres de cire ; double rente de blé à chaque mutation de commandeur ou de pagès.
Le commandeur aura la juridiction haute, moyenne et basse, mère et mixte impère.
Les pagès auront droit de four, sans rien payer, mais pour leur usage seulement.
Le commandeur pourra faire paître son bétail dans tous les herbages du lieu.
Les emphytéotes seront tenus de tenir en bon état la tour du lieu de Cras, pour qu'ils puissent y mettre à l'occasion en sûreté leurs personnes et leurs récoltes. Ils seront tenus de faire résidence. Ils ne pourront chasser lapins, perdrix et faisans. S'ils prennent un sanglier ou une laie, ils en donneront au commandeur la tête et un quartier ; s'ils prennent chevreuil, mâle ou femelle, ils en donneront aussi un quartier. Ils ne pourront pas construire de moulins sans la permission du commandeur.
Etaient témoins à cet acte Jean Delmouli, prêtre, recteur de Cras, Jean Issaly, prêtre, Raymond Leloube de St Martin, Jean Berthoumieu fils de Jean, de Boucayrac. Notaire : Me Raymond Carrière, acte grassoyé par Pierre Descamps.
Le même jour, 15 octobre 1462, le commandeur arrentait à Gér. Vinche, fils de Pierre, un moulinal au lieu de Marquefavre sur le ruisseau de Liversou (da verso), au dessus du pont de Marquefave, avec toutes ses dépendances, sous le cens annuel d'une émine de froment et d'une émine d'avoine, de 12 deniers tournois et d'une poule avec l'acapte d'usage à chaque mutation de grand maître et de tenancier.
En 1471, Jean de Ricard, successeur de Guillaume, confirmait toutes ces dispositions, et les emphytéotes lui faisaient la reconnaissance de ce qu'ils tenaient de lui. De même, en 1497, sous Jean de Valon. On trouve encore une autre reconnaissance générale en 1606, sous Raymond de Gozon.
Une difficulté surgit un peu plus tard. Cette reconnaissance générale suffisait-elle ? Ne fallait-il pas que chaque tenancier fît en particulier reconnaissance des biens par lui possédés ? Des avocats consultés dirent qu'en droit les emphytéotes devaient faire la reconnaissance générale, en corps de communauté, par les syndics ou consuls du lieu, de tous les droits seigneuriaux et principalement de ceux qu'ils sont obligés de payer, mais de plus, que tous les vassaux et emphytéotes étaient «régulièrement tenus et obligés de passer chacun en particulier sa reconnaissance féodale».
C'était nécessaire quand chaque propriété particulière avait un cens et un service à part qu'il faut renouveler pour qu'il ne se perde pas, et aussi parce que le seigneur ne pourrait pas demander les lods et ventes. Mais ce n'était pas nécessaire ni utile pour les habitants de Cras parce qu'il n'y a que des cens uniformes et que les habitants possèdent leurs tenures solidairement et par indivis.
De même, le fouage est un droit général et uniforme. Quant aux lods et ventes, on ne risque pas de les perdre, puisqu'on est obligé d'inscrire les nouvelles acquisitions au livre des charges et décharges qui est un registre public.
Pour ces reconnaissances particulières, il faudrait faire un arpentement du lieu de Cras ; ce seraient de grands frais pour les habitants, sans utilité pour le commandeur. On en resta là.
En 1628, la communauté de Cras est obligée de payer au commandeur une rente de 72 quartes froment et 40 quartes avoine et autres droits seigneuriaux.
En 1684, les emphytéotes sont condamnés à passer les nouvelles reconnaissances générales.
En 1686, ils sont condamnés à payer le droit d'acapte tel qu'il est spécifié dans le bail de 1462.
En 1784, la communauté poursuit le commandeur du Bastit pour être déchargée de la dîme du gros millet (note Foissac).
La communauté de Cras faisant partie de la sénéchaussée de Cahors, son cahier de doléances se trouve dans la publication de M. Fourastié. Les habitants se plaignent d'une extrême misère, provenant d'un cadastre défectueux (ou inexistant), de l'exagération de la capitation, du peu d'étendue des terres labourables, du manque absolu de commerce faute de relations par de bonnes routes. La façon dont se paient les acaptes à chaque mutation de commandeur et de grand-maître les charge aussi beaucoup. Ils réclament, comme à peu près tous les autres Quercynois, le retour de l'Université à Cahors.
Cras - l'Aqueduc
En face du Roc d'Aucor la fontaine Polémie.
Mais l'aqueduc partait de plus haut. Il en est question dans un acte d'arrentement du moulin de Cras ; il est question de los arx.
Cras - Murceins
Un des nombreux lieux où l'on a voulu voir Uxellodunum.
A noter dans la région de Murcens sur le cadastre un tènement dit des Cadourques.

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