Edmond Albe (1861-1926) - D'après un portrait photographique aux A.D. du Lot.
Edmond Albe
(1861-1926)
Les monographies
d'Edmond Albe

Quercy Historique

Caniac-du-Causse

Quelques noms de recteurs
La seigneurie
La Communauté
Ce nom est écrit ordinairement Caniac (en latin Caniaco) ; quelquefois Canhac et Cagnac, Cainhac, Conhac.

La région fut habitée aux temps préhistoriques, ainsi que le prouvent les haches de silex trouvées à Coursac. On trouve parmi les noms des lieux donnés (VIIè siècle) par S. Didier à l'abbaye St Amand fondée à Cahors, ceux de Marcillaco, Marcillago, Caniaco ou Caruniaco. Je ne suis pas aussi sûr que Lacoste qu'il s'agisse ici de Marcillac, la future abbaye et de notre Caniac.

Dès le Xè siècle, l'église Saint-Martin de Caniac devait appartenir à l'abbaye de Marcillac. Un ancien cartulaire, disparu à la Révolution, mentionne parmi les paroisses dont les de Barasc auraient usurpé les dîmes - qui furent restituées au temps de la première croisade, l'église de Caniac. La restitution ne se fit pas très facilement. Déodat de Barasc reçut, pour opérer la restitution, une somme d'argent de l'abbé de Marcillac, déjà rentré en possession de Blars, mais Déodat garda l'argent et ne rendit pas l'église. Mais, étant parti pour la Palestine et y étant tombé malade, il regretta sa faute avant de mourir et chargea l'évêque de Cahors, qui était allé avec lui aux saints lieux, de se charger de son testament. Par ses dernières dispositions, il voulait que ses héritiers rendissent, sans délai et sans rien exiger, l'église de Caniac aux religieux de Marcillac. Il fallut encore quelque temps et une somme de 300 deniers pour que ces héritiers finissent par rendre à l'abbé Gombert l'église usurpée.

Tous ces faits montrent l'antiquité de la paroisse de Caniac. Elle est prouvée encore par la crypte dite de Saint-Namphaise et l'autel de cette crypte (crypte classée en 1923).

D'après la tradition, saint Namphaise (Lauphary, Nauphary) était un baron de la suite de Charlemagne. Il se retira dans le désert de la Braunhie près du sanctuaire dédié à St Martin et vécut en ermite ; ermite d'ailleurs fort actif, si la légende est vraie qui lui attribue la plupart des lacs, c'est-à-dire des réservoirs dans la pierre, creusés pour conserver un peu d'eau dans ce causse aride. Namphaise mourut près du village de Coursac ; son tombeau en l'église de Caniac devint bientôt célèbre par les miracles qui s'y accomplissaient, notamment la guérison des épileptiques.

Saint-Namphaise fut le patron titulaire du prieuré de Livernon, de l'église paroissiale du bourg de Montvalent, annexe de St Christophe de Brassac ; l'hôpital du Chapitre et l'église des Augustins de Figeac lui étaient aussi dédiés ; la chapelle qu'il avait au haut de la ville de Cahors a laissé son nom à la région qui s'étend entre la caserne et le Lot : c'est la plaine S. Namphaise ; il y avait une chapelle dédiée à ce saint dans l'église de Rouffillac, dans l'église de Puylaroque. L'église ruinée de Nantouit ou Lentouy, dont les restes dominent le gouffre de ce nom, et qui d'après la tradition aurait appartenu à un couvent fondé par S. Namphaise, devait lui être dédiée, car une combe voisine portait le nom de combe de S. Naufary.

Saint-Nauphary (Cne du Tarn-et-Garonne) sur les bords du Tescou, qui servait de limite entre le Quercy et le Toulousain, doit son nom à notre saint qui fut le patron de l'église de cette paroisse.

Et Jean XXII, qui devait avoir pour ce saint quelque dévotion spéciale, lui érigea une chapelle dans l'église Saint-Agricol d'Avignon.

Le titulaire de l'église de Caniac n'était pas cependant saint Namphaise. Elle était déjà dédiée, comme tant d'autres églises anciennes du Quercy, à saint Martin. Cependant on trouve dans quelques testaments des legs pour le luminaire de l'église Saint-Namphaise de Caniac, mais nous pensons que c'est une confusion et qu'on a voulu dire pour le luminaire de S. Namphaise en l'église de Caniac.

bullet_b.gif (912 octets) Quelques noms de recteurs

En 1301, Gaillard du Bouyssou (de Buxurno), fait un accord avec les Thémines au sujet des dîmes du territoire du Boutit, hameau de la paroisse de Caniac (voir Seigneurie). En 1317, l'église vacante par la mort de Jean Pulhol était conférée à Martin de Belfort. Plus tard elle fut au nombre des bénéfices du cardinal Etienne Aubert, le futur Innocent VI, qui évidemment ne la posséda qu'en commande ; il la résignait en mai 1348 et le pape la conférait à Hélie de Livron, parent du cardinal Etienne. En 1352, ce personnage étant devenu chanoine et capicier de l'église Sainte-Opportune de Paris, la paroisse de Caniac fut donnée à Hélie Raimbaud.

Nous passons plus d'un siècle : en 1465, François Vigier, curé.

En 1497, le recteur était Louis d'Hébrard qui faisait un accord avec les prêtres obituaires au sujet de certains obits spéciaux ; il en partage avec eux les oblations à la condition qu'il contribueront à toutes les cérémonies du culte ; quant à lui, il ne pourra admettre aucun étranger dans le collège ou la consorce des obituaires sans leur consentement ; ils doivent résider personnellement à Caniac, et les syndics nommés par eux s'occupent de leurs intérêts.

En 1515, Louis d'Hébrard ayant résigné, la paroisse de Caniac est conférée à Amalric (ou Aymeric) de Capdenac. A la mort de ce dernier, le successeur est Guillaume Beysserres. Il avait eu comme compétiteur Antoine Lestrade, qui finit par céder moyennant une partie des fruits du bénéfice. En 1565, le curé de Caniac est Jean du Rieu ou Delrieu (de Rivo).

Encore près d'un siècle où se trouve une forte lacune : 1618, Pierre de Montal. Il y a des lettres d'un Montal, de Caniac, dans la correspondance des Hébrard de St Sulpice.

1631. Antoine de Molières, fils d'un conseiller du roi au présidial de Cahors.

1641. Pierre (de) Montal (de Caniac et de Lamothe-Cassel), sans doute neveu du prédecesseur.

En 1742, le curé Dieudonné Larnaudie installe son vicaire Mathau comme curé du Bourg. Dès 1747, il était remplacé par Hector Albareil, ancien curé de Saint-Bonnet. Le 9 août 1765, apparaît M. Joseph Sallèles, remplacé le 6 février 1777, par Me Louis lafon et celui-ci, à son tour, dans la même année par Me Jean-Louis Rives, à qui les habitants de Coursat demandent l'érection d'une église dans leur village trop éloigné du bourg.

M. Rives refusa le serment constitutionnel. On trouve au mois d'avril le curé nommé par le collège électoral, M. Roque, vicaire de St-Sauveur-La-Vallée.

Après la Révolution, M. Rives revint à Caniac.

Projet d'église à Coursac. Ce village est situé à l'extrémité orientale de la paroisse de Caniac, aujourd'hui commune de Quissac, au sud et encore fort loin de l'église. Voir Quissac.

Chapellenie de la Bécade - Dans ce village, proche du Boutit, dont nous avons parlé, il y avait une chapelle Notre-Dame, bâtie par les soins du prêtre Arnaud Héreil en 1545, et où il avait, en 1549, fondé une chapellenie dont les membres de sa famille furent patrons et souvent chapelains. Le premier chapelain qu'il nomma lui-même s'appelait Bernard Tissandié. En 1617, c'était Bernard Héreil, curé de Saint-Germain. En 1741, Pierre Goudal. Cette chapellenie possédait dans le bourg même de Caniac une maison meublée, et quelques terres, plus le revenu de 200 livres en argent. Il ne reste de la chapelle qu'une pierre sculptée portant cette inscription : « vicit post funera virtus ».

Chapellenie dans l'église - Gisbert de Thémines, par son testament en 1321, fonda une chapellenie. Son frère Guillaume légua de quoi entretenir une lampe à perpétuité, et de plus des chandelles de cire qui devaient être allumées au moment de l'élévation, à la messe.

Confrérie. Notons une confrérie du Saint Esprit dans l'église de Caniac ; à rapprocher d'une confrérie semblable dans l'église de Lacapelle-Marival. Elle existait en 1544.

L'église de Caniac était en l'archiprêtré de Figeac (au XVIIè siècle, elle fit partie de la congrégation foraine de Lentillac (Lauzès)).

Elle était à la présentation de l'abbé de Marcillac, mais le bénéfice ou le prieuré de l'église était uni (union très ancienne, puisque la bulle de Grégoire IX - 1232 - confirmant les possessions de l'abbaye, constate que les prieurés de Frayssinet, Caniac et Liauzu sont unis à la mense capitulaire ) à la mense des religieux. La dîme, d'après un Etat de 1631 valait au chapitre de Marcillac 150 charges de blé et 5 de vin ; au curé 80 et 5 respectivement.

Le pouillé de M. Longnon est fautif. Il y a dans l'archiprêtré de Figeac : St Martin de Banhac, au lieu de Canhac, n° 398 ; et dans le compte de décimes de 1526, qui est parallèle : église de Sanhac. M. Longnon a identifié avec Banhac près Figeac ; et à la page 168, pour suppléer au silence de son pouillé, il a ajouté Caniac, mais il l'a mis à cause du voisinage (Sénaillac, Artis) dans l'archiprêtré de Cahors.

bullet_b.gif (912 octets) La seigneurie

La seigneurie de Caniac appartenait à la famille de Gourdon, à la branche du fondateur de Labastide, Fortanier de Gourdon, mais la famille de Thémines avait la directe. Cela amena des difficultés, car Fortanier avait aussi quelque domaine. En 1257, Gisbert II de Thémines, le mari d'Hélène de Gourdon (celle qui lui avait apporté en dot la Bouriane), et Fortanier de Gourdon recoururent à l'arbitrage d'Aymeric de Lavergne, chevalier, de Pïerre d'Auriol, damoiseau, et de Me Gme Austorge.

On fixa les limites entre Caniac et Labastide Fortanière. Il est entendu que si les bergers ou les hommes de Gisbert font du dommage - c'était arrivé plusieurs fois - sur les terres de Fortanier, il devra payer une indemnité, d'après les appréciations de deux experts de Labastide. S'ils sont surpris sur ces terres, ils devront en sortir, tout simplement.

Gisbert de Thémines tiendra en fief franc et libre de Fortanier de Gourdon les villas de Canihac, Quissac et Artis, avec leurs dépendances et il en fera hommage pur et simple. Acte passé à Figeac. Et tout de suite le seigneur de Thémines reconnut pour lui et pour ses successeurs qu'il tenait ces terres en fief franc et libre, qu'il était tenu à l'hommage pur et simple, sans redevance ni autre droit, quand il en serait requis.

Mais Fortanier III, le petit-fils de Fortanier II, qui devait contribuer le plus à ruiner sa maison ou du moins le rameau de sa famille auquel il appartenait, céda, moyennant une rente de 10 livres caorsines, à Gisbert de Thémines, l'hommage qu'il avait sur les repaires de Canhac, Artis et Quissac. Il recevait de plus la moitié par indivis des revenus des boucheries nouvelles que G. de Thémines avait sur la place publique de Gourdon, proche des maisons de Pre Pelegri. Il fut décidé qu'en cas de difficultés, on recourrait à l'arbitre de messire Guillaume de Guerre, chevalier.

Désormais les de Thémines n'ont plus de seigneurs laïques comme compétiteurs dans cette étendue de terrain qui s'appellera la Braunhie (diminutif de Barasconie ou Brasconie, terre de Barascon de Thémines). Mais les abbés de Marcillac sont seigneurs de Blars et Blars confine à Caniac et à Quissac. Un de leurs domaines a même conservé le nom de domaine des Brasconies. De là parfois quelques difficultés. Et de plus le lieu de Caniac dépend de l'abbaye du point de vue ecclésiastique.

La question des dîmes et des oblations se pose, en 1301, entre Gisbert II de Thémines, chevalier, seigneur de La Bouriane, coseigneur de Gourdon, son fils Gisbert III, damoiseau, seigneur de Caniac, d'une part, et d'autre part le curé du lieu et l'abbé de Marcillac. Le seigneur disait que les recteurs de Caniac lui devaient fournir toute la chandelle nécessaire pour son usage personnel, pour sa famille et ses hôtes, pour sa maison et notamment la salle principale (aula) de Caniac, en raison des biens et possessions temporelles que ledit recteur tient de lui au nom de son église. C'était un usage ancien. Les biens étaient au terroir du Boutit.

Le recteur répondait qu'il reconnaissait le fait de cet usage, mais que ce n'était pas un droit, d'ailleurs il n'avait jamais été donné une telle quantité de chandelles. Naturellement, suivant les coutumes assez ordinaires de ce temps, on transigea. Il fut réglé que le seigneur percevrait la moitié des dîmes sur le terroir du Boutit et qu'il en ferait l'hommage à l'abbé de Marcillac, avec acapte et arrière-acapte d'une paire de gants (à chaque mutation d'abbé ou de seigneur). Le recteur gardait l'autre moitié. Il ne serait plus obligé de fournir de la chandelle, mais seulement par an 30 livres de cire, poids de Figeac, 15 à la St Michel, 15 à la Noël. Ajoutons ce détail : si le seigneur faisait à ses frais une métairie de quatre paires de boeufs dans la paroisse, il ne serait pas tenu d'en payer la dîme et n'aurait à donner au recteur qu'une émine de blé.

L'abbé de Marcilhac approuva cet accord comme convenable, utile à l'abbaye, et le confirma.

Des de Thémines proprement dits la paroisse de Caniac passa aux Cardaillac-Thémines par le mariage de Bertrande de Thémines, fille de Gisbert III, avec Géraud de Cardaillac, fils de Raymond, et par testament de Guillaume de Thémines (13..). Les relations ont lieu entre l'abbé de Marcilhac et Marquès de Cardaillac avec qui s'éteint cette branche des barons de Cardaillac.

Le 28 mai 1408, il y a une transaction entre ce seigneur et le syndic de Marcillac (c'était le célerier de l'abbaye, Bernard de Valausi) au sujet de Caniac. Marquès réclamait 100 sols caorsins de rente sur la paroisse qui étaient dus à son père Géraud. Et le syndic disait que le seigneur en devait 60, en vertu d'un acte de 1312, sur le terroir de Navas. Il fut décidé que le monastère ferait célébrer chaque année deux obits, l'un pour le repos de l'âme de Guillaume de Thémines, chevalier, seigneur de Thémines et coseigneur de Gourdon, de Géraud de Cardaillac-Thémines et de son fils Marquès.

En 1410, on revenait sur le testament de Guillaume de Thémines, l'oncle de Marquès, qui n'avait pas été sans doute exécuté dans toutes ses parties. L'héritier devait fournir chaque année à Pâques, dans l'église de Caniac, deux torches de 3 livres, l'une pour le service du Corps-Dieu, l'autre pour celui du bienheureux Namphaise. Pour accomplir ce legs, Marquès cède à l'abbé 6 livres de cire à prendre sur les sept que l'abbé et le monastère lui devaient en raison de l'église de Caniac ; et la 7è livre qui lui était due, il la donnait à la dite église de S. Namphaise, pour en faire un cierge qui brûlat en l'honneur de Dieu et de son bienheureux serviteur.

Marquès de Cardaillac mourut en ..... et fit héritière de Caniac, Quissac et Artis sa femme Jeanne d'Hébrard de Saint-Sulpice. On la trouve en 1448, habitant dans la salle ou maison de Caniac avec le titre de dame de Caniac (arrentement du lieu d'Artis).

Celle-ci teste en 1450, et lègue à l'église de Caniac un calice d'argent du poids d'un marc et demi. Elle fonde un anniversaire dont elle règle les honoraires en décidant que le recteur de Caniac devra ce jour-là chanter la messe de Requiem, mais recevra deux parts de la distribution de blé qui sera faite.

Elle fait héritier son neveu Raymond d'Hébrard de Saint-Sulpice. Celui-ci, hommageant, en 1469, dénombre la châtellenie de Caniac qui comprend Quissac et Artis. Il est déjà seigneur de Labastide Fortanière.

Le Bulletin de la Soc. des Etudes du Lot a publié un nouveau dénombrement fait en 1503-4 par lui. Nous y relevons ce qui concerne Caniac :

« Et en plus, tient comme dessus item plus le lieu et chastellenie de Caniac avec toute juridiction haute, moyenne et basse, et exercice de justice, profit et émolument, et me peut valoir tous les ans, tant de rande que de revenu, argent deux cens soixante livres tourn. ; froment cent soixante charges ; avoyne, trente cinq charges ; cire, six vingt livres ; chevreau, cinquante ; polailhes, sept-vingt et dix (150) pareils ; manoeuvre, six-vingt et trois ; audit lieu de Caniac un diesme (à Boutit) qui me pouvait valoir tous les ans 10 à 12 charges de blé et 30 sols argent ou environ, lequel j'ai bailhé au chapitre de Marcillac pour un obit que j'y ai fondé... » - « Et en plus en est payé engagé aux prestres de Caniac 6 charges et demi de froment pour la somme de 70 écus petits et doivent lever [?] ladite rente jusqu'à ce que leur aye payé l'argent »

Caniac semble avoir été une maison aimée de Jean d'Hébrard, l'ambassadeur, le père de l'évêque de Cahors, Antoine. Il est souvent question de ce lieu dans la correspondance qu'a publiée M. Cabié. En tout cas, c'était là, sans doute à cause de la crypte de S. Namphaise, que la famille d'Hébrard avait choisi sa sépulture. Par son testament du 29 avril 1577, Jean demande à être enseveli au tombeau de ses pères et autres parents. Il mourut au château de Saint-Sulpice le 5 9bre 1581, mais il fut porté dans l'église de Caniac et Maleville donne une longue épitaphe, sans doute par lui composée, qui fut mise sur sa tombe. Sa veuve aussi, dame Claude de Gontaut-Biron, demanda, par testament, à être ensevelie à Caniac. Son mari lui avait donné l'usufruit de cette terre tant qu'elle resterait en viduité. Leur fils Bertrand, le dernier de cette branche des Hébrard de St Sulpice, par son testament du 8 nov. 1587, demanda également à être enseveli à Caniac. Il y fonde un obit qu'il dote de 200 livres de rente et laisse 1000 écus pour l'érection d'un tombeau pour lui et ses prédecesseurs.

Claude d'Hébrard, fille de Bertrand, porta la seigneurie de Caniac, avec les autres possessions des Saint-Sulpice, à la maison d'Uzès par son mariage (8 juin 1600) avec Emmanuel de Crussol, duc d'Uzès. En 1622, Emmanuel de Crussol, son petit-fils, compte Caniac dans son hommage au roi.

La Braunhie

Cette fasion qui s'étendait sur les territoires de Canias et Quissac, mais aussi un peu sur Fontanes et Goudou, fut partagée, en 1310, par les soins de Lo (Lalo ?) de Caniac et Garin Gache (Lagache), de Fons, demeurant à l'Hôpital-Beaulieu, entre noble homme Gisbert de Thémines, coseigneur de Gourdon et les hommes de Caniac d'une part, et religieuse dame Aigline, soeur dudit noble, « prieure » de l'Hôpital-Beaulieu, représentée par les frères Jean de Maenzac et Hélie de la Pomarède, chevalier de l'ordre de St Jean. Acte passé le jeudi après l'Annonciation de l'année 1310, au lieu appelé à la peyra de Jeanda (peyra del jaian ? du géant) près Caniac.

bullet_b.gif (912 octets) La Communauté

Caniac dépendait au point de vue financier de l'élection de Figeac et au point de vue judiciaire du sénéchal de Cahors. C'est pour cela que l'on trouvera dans le livre de M. l'archiviste V. Fourastié, le cahier de doléances de cette paroisse. Il n'y a rien de bien particulier : que les biens des trois ordres soient sujets à l'impôt ; que les trois ordres contribuent à l'entretien et confection des grandes routes ; que l'on convoque régulièrement les Etats généraux ; voilà qui n'est pas même particulier à notre pays ; pour le Quercy, on demande de lui conserver le privilège de l'exemption des gabelles, et que ses Etats soient séparés de ceux du Rouergue ; quant au lieu même de Caniac, on relève son acidité, son éloignement des villes de la province et le mauvais état des chemins ; on se plaint que certains particuliers usurpent et défrichent les landes communales où les habitants ont droit de pacage.

D'après le même ouvrage, la population en 1787 était de 1073 habitants (le pouillé alphabétique porte 850 communiants).

En 1746, le total des impositions atteignait 9979 livres dont 196 pour les charges locales : en 1780, 9532 livres dont 5187,18 de taille ; 316,6 de charges locales, 191,1 de trop-allivré, 2521 de vingtième rural, 1475,15 de capitation roturière.

L'état de 1746 cité par M. Fourastié ne compte que 800 habitants (je pense qu'il faut lire : communiants). On élevait dans la paroisse beaucoup de cochons, 120 bêtes à cornes, 130 chevaux, 4200 bêtes à laine. Il y avait 5 foires.

Une verrerie, dont le nom se retrouve dans celui de quelque maison de la comune de Quissac (anciennement paroisse de Caniac), avait cessé de travailler.

L'Etat de 1631 parle de 4 notaires.

Nous citerons parmi les notaires de Caniac, une famille Amadieu qui garda longtemps le notariat. Cette famille a fourni au moins deux curés à l'église Saint-Urcisse de Cahors. Un de ces deux curés, Hugues Amadieu, traduisit en latin, pour les Bolandistes, la vie romane de Sainte-Fleur ; il fut professeur au collège de Caraman à Toulouse, et quitta la paroisse Saint-Urcisse pour servir de vicaire général à Mgr ......... d'abord à Aix puis à Orléans. Là, il devint abbé de Souilly et mourut, victime de sa charité envers de pauvres soldats, originaires du Quercy, qui étaient malades dans un hôpital d'Orléans et dont il prit le mal. C'est une gloire, trop peu connue, de la paroisse de Caniac.
Caniac au XVIè siècle. Grâce à la correspondance de la famille d'Hébrard, nous avons quelques détails sur l'histoire de Caniac au temps des guerres de religion.

Il y a d'abord une lettre de M. Dufour, plus tard conseiller au Présidial de Cahors, qui écrit, le 4 nov. 1569 à madame de Saint-Sulpice, pour lui demander d'envoyer quelques soldats pour garder Goudou et Caniac, parce que les Calvinistes sont « ès quartiers de St Céré, Gramat et autres lieux » et qu'ils trouveraient dans les maisons de ces deux localités de grosses provisions de blé et d'avoine. C'était l'armée des princes et de Coligny qui traversait le pays vers ce temps-là.

Et nous avons une lettre des plus intéressante de Madame de Saint-Sulpice à Jean de la Chapelle-Lauzières, gouverneur de Quercy, du mois de janvier suivant concernant les habitants de Canhac.

« Les habitants de Canhac, nos sujets, pour la crainte qu'ils ont d'estre compris aux voleries et meurtres qui journellement se font aux environs (sur ceux qui restent) soubs l'obéissance du roi, se sont retirés dans l'église et une mienne tour, prochaine à icelle, et ont rendu déjà le lieu si fort que difficilement l'ennemi y sauroit mordre, pour peu de soldats qu'ils y aient. Et encore que je les y aie congédiés, en l'absence de Mr de St Sulpice, mon mari, qui est, comme trop mieux entendu au service du roi. Toutesfois, vous ay bien voulu avertir de ce que, trouvant le tout agréable, vous plaise leur donner quelque chef pour y commander, avec tel nombre de soldats que bon vous semblera, lesquels nosdits sujets offrent soudoyer honnestement avec la contribution des deniers qu'ils sont cotisés, et avec l'aide de quelques nos paroisses prochaines, et tout cela nous pourra bien garder tant des coûts et invasions desquelles l'ennemi s'aide, vous assurant que si mesdits sujets n'eussent pourvu à ce, l'ennemi tâchait de s'en emparer, comme encore tâche à le surprendre, chose que rapporteroit grand dommage au pays, et, contraire, au grand soulagement et profit si ledit fort et garnison est entretenu, comme m'assure que le leur octroierez ; et sur ce...... ».

Une lettre d'un homme d'affaires, Hugues Juge, à la dite dame, parle d'une douzaine de soldats qu'il faudrait. Le gouverneur du Quercy écrit à Mme de St Sulpice au sujet du paiement de ces soldats. La baron apprit avec un certain étonnement que l'on avait fait un fort à Caniac ; il craint que ce ne soit une « cause de dommage et de dépense », mais il a confiance dans l'habileté de sa femme. Le fort n'empêchait pas les « voleries », ainsi que nous l'apprend une lettre de M. Dufour à Mme de Saint-Sulpice, du 28 mars 1570 : « ceux de la religion vinrent hier en votre terre de ce lieu de Canhac ; et tout le bétail qu'ils purent trouver l'en amenèrent à Genyé (Giniès près Sauliac), et ces présents porteurs, vos sujets, s'en vont devers votre seigneurie, comme leur dame et seigneuresse aux fins de vous supplier très humblement qu'il vous plaise de vos grâces leur faire ce bien d'écrire audit seigneur de Genyé de leur rendre leur bétail, lequel leur en ont amené sans aucune occasion... quand ledit bétail ne sera rendu à vosdits sujets sera grandement préjudiciable à Mr de S. Sulpice et vous, parce que la principale rente des deniers que vous levez en ce lieu provient dudit bétail, et monseigneur et vous y avez autant d'intérêt comme nous tous vos sujets, qu'en perdant nos bétails, et sans votre aide et protection, sommes foulés, vous suppliant très humblement nous y pourvoir... ».

Les chemins étaient si peu sûrs que Teysier, juge nommé pour Caniac par les soins de madame de St Sulpice et de son beau-frère, l'abbé de Marcillac, le 24 décembre 1570, n'était pas encore allé à son poste plusieurs mois plus tard, « parce qu'il n'y a homme, dit l'abbé de Marcillac, qui ne soit en grande crainte s'il se met en chemin ».

La compagnie de l'amiral de Coligny séjournait à Caniac en mars 1573. Ce n'était que quelques jours mais cela suffisait pour que le pays fut ravagé « Je vous laisse à penser quelles ruines pour le pauvre peuple » écrit un du Cluset à Mme de Saint Sulpice.

Plus tard, les sujets de la famille d'Hébrard, qui était du parti du roi, se trouvèrent exposés non seulement aux attaques des Calvinistes mais enore des gens de la Ligue (1589). L'évêque de Cahors, comme tuteur de sa nièce, y entretint quelques soldats (836). les habitants de Caniac durent être de ceux qui accueillirent avec le plus de faveur la fin de toutes ces hostilités.

Haut de la page


Quercy.net