La fondation
du monastère de Lunan

Quercy Médiéval
 

 

 

Clovis le fondateur

Clovis, le chef des Francs, qui devint roi de France était un païen, mais il traitait fort bien les chrétiens. Il tenait en grand estime Saint Rémi, qui était alors archevêque de Reims.

Durant sa vie il s’acharna à combattre les Wisigoths, qui tenaient le sud-ouest de la Gaule. Il vaincu lui même le roi des Wisigoths Alaric, lors d’un duel acharné à la bataille de Vouillé, et délivra la plupart des cités du Quercy en 507. C’est vraisemblablement à cette époque que remonte la fondation du monastère de Lunan, qui se situe dans un petit vallon, non loin de la vallée du Lot.

Clovis adorait les idoles barbares, mais Clothilde, sa femme était une chrétienne d’une grande piété. Celle-ci avait déjà remarqué que son époux ne restait pas insensible à sa religion, et elle l’encouragea à se convertir. C’est finalement lors d’une bataille, que Clovis fut convaincu par la foi chrétienne.

C’est alors qu’il combattait dans les plaines de Tolbiac contre les Germains, et que tout espoir de victoire avait échappé au roi des Francs, qu’il leva les yeux vers le ciel, et implora Jésus Christ de la manière suivante : « Celui que Clothilde ma tendre épouse dit être le fils de Dieu …» Le voyant parler ainsi, les Germains battirent en retraite, et prirent la fuite.

Cet événement miraculeux acheva de convaincre Clovis qui se fit baptiser au cours de la même année à Reims, par son ami Saint Rémi. Dès cet instant, il se montra très pieux et pour effacer les nombreux crimes qu’il avait commis, il fonda un grand nombre d’église et monastère. C’est ainsi qu’il fit élever le monastère de Lunan vers l’an 510. Il dédia ce nouveau lieu de prières à Saint Martin, dont la mémoire était très vivace dans le Quercy de cette période. Clovis se sentait grandement redevable envers Saint Martin, de la victoire qu’il avait acquis sur les Wisigoths. Aussitôt le monastère construit, les moines se mirent au travail, et défrichèrent cette partie de la vallée et des environs.

Enluminure représentant la conversion de Clovis
 à la bataille de Zülpich (496), ainsi que son baptême. (Conversion à la bataille de Zülpich (496),
et baptême de Clovis Cote Français 51, fol. 419v
France Paris XVè Vicentius Bellovacensis,
Speculum historiale)

 

 

Lunan à l’origine de Figeac

 

Mais ce lieu était souvent frappé par les inondations qui ravageaient les récoltes et les bâtisses de ces braves religieux. Ils s’efforcèrent tout de même à rester dans cette étroite vallée durant près de deux siècles, avant de soumettre  à Pépin le Bref le souhait de déplacer leur monastère dans une petite vallée voisine, sur les bords du Célé.

Pépin, qui voulait alors rendre grâce au Seigneur pour ses victoires sur les Sarrasins répondit positivement à la demande des moines de Lunan.

La petite histoire voudrait même que Figeac tire son nom de la réponse faite par le  Monarque : « Fiat » (je le veux), qui serait devenu Figeac.

La chronique de Figeac nous rapporte les faits plutôt légendaires suivants : 

Alors que Pépin était en train de guerroyer, il fut touché par une voix céleste. Cette voix lui dit : « Il est temps d’exécuter ce que tu désires tant ; voici un lieu qui sera fort agréable au Seigneur. Tu pourras compter sur son secours, il t’enverra une révélation pour t’avertir du bon moment pour accomplir ton œuvre. » Peu de temps après, le prince vit deux colombes blanches qui voltigeaient juste devant lui transportant en leur bec des rameaux d’olivier. Ces deux oiseaux se posèrent et laissèrent leur chargement, c’est à cet endroit que le roi décida de fonder l’abbaye de Figeac. Les colombes lui avaient apporté la révélation de l’emplacement de ce nouvel établissement consacré à Dieu. La chronique rapporte aussi, que le roi, pria le pape Étienne II qui se trouvait en France, de se rendre à Figeac afin d’y consacrer l’église. Il fut accompagné en ce lieu par le roi et un grand nombre d’évêques venus assister à la cérémonie.

Photo de la nef de l'église de Lunan sur laquelle un peut remarquer
de curieuses sculptures...


Alors que tout était disposé pour la célébration du lendemain, Jésus-Christ lui-même descendit en personne dans la nuit, accompagné de ses anges, et effectua la consécration. Le pape, le roi et leur suite furent témoins de cet immense miracle, ils eurent le privilège d’entendre la musique des esprits célestes, et de voir le signe de la croix gravé de la main même du Sauveur, sur les tables des autels et les murs de l’église.
Un tel miracle, ne pouvait pas laisser insensible ni le roi, ni le pape. Tous deux firent les plus beaux dons possibles à l’abbaye de Figeac ; ils lui donnèrent les églises d’Ambayrac, de Colombergues, de Saint-Étienne, de Saint-Simon, de Livihnac, de Saint-Loup, de Saint-Jean ; ainsi que la forêt de Prendeignes ; les bourgs de Faycelles, de Dournes, de Cuzac, de Flaniac ; les châteaux de Béduer, de Montsalès, de Lentillac, de Felzins, de Bagnac, de Laroque Bouillac, de Peyrusse, et la place forte de Capdenac. Ils enrichirent également l’église de nombreuses reliques, parmi lesquelles, une partie de la robe de Jésus-Christ, un morceau de la sainte crèche, une partie de la corde avec laquelle le Christ fut lié le jour de la Passion, une partie de la couronne d’épines, un morceau de la vraie croix, des cheveux, et un pan de la robe de la Sainte Vierge. Ils affranchirent de toutes servitudes, tous les gens qui venaient se fixer à Figeac. Grâce à toutes ces faveurs, Figeac connut une évolution très rapide.

Lunan serait donc à l’origine de la fondation de l’abbaye de Figeac, autour de laquelle de se développa la riche cité que nous pouvons admirer aujourd’hui.

 

L'église de Lunan ancrée dans son paisible vallon

Fontaine de Saint Martin : on peut remarquer à côté du filet d'eau, la trace du sabot du cheval
de Saint Martin

Lunan aujourd’hui
 

A Lunan, il ne reste de nos jours, plus grand chose du monastère édifié sur les ordres de Clovis. Une belle petite église romane est néanmoins visible, et mérite que l’on s’y attarde, on y vénère encore  le 11 novembre, des reliques de Saint Martin. Mais un autre lieu, nous rappelle l’ancienne importance de cette localité. Presque en face du portail de l’église, se dresse à environ 200 mètres, dans la colline, plusieurs grands peupliers, qui se remarquent au milieu des chênes. Une fois parvenu au pieds de ces arbres, on peut remarquer une charmante source qui jaillit dans un amoncellement de ruines de constructions forts anciennes. C’est la fontaine Saint-Martin, qui fut durant de nombreux siècles un important lieu de pèlerinage. Son eau est en effet réputée comme étant miraculeuse, pour ses vertus qu’elle possèderait à guérir les enfants ayant du mal à marcher. FONTAINE SAINT-MARTIN. On y baignait  les enfants qui avaient les jambes « tordues » ou « croisées ». Cette source aurait, d’après une tradition, jailli sous le pied du cheval de Saint Martin, et l’on peut encore aujourd’hui, remarquer la trace de la monture du Saint homme, qui se trouve, juste à côté du filet d’eau de cette petite source sacrée. Un petit sanctuaire fut élevé autour d’elle, et de nombreux vestiges sont encore visibles.  Même si l’on ne se rend plus à cette source de nos jours, son accès a été malheureusement fermé par le propriétaire du terrain sur lequel elle se trouve, la coutume n’a pas pour autant disparut, et de nombreuses messes pour les enfants malades sont dites à l’église de Lunan.
 

                                                                                                                      Mathieu MARTY

 

Voir aussi : La naissance d'une cité lotoise : Figeac

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