Le système défensif de Capdenac
Quercy Médiéval
 

 
Plan des fortification réalisé au XVIème siècle, photos et reconstitution des fortifications Mathieu MARTY
 

Le site de Capdenac se présente comme un éperon barré. De toutes parts ce formidable promontoire rocheux est défendu de falaises abruptes dominant de 120 mètres la rivière Lot qui forme une boucle à ses pieds. Grâce à toutes ses défenses naturelles, Capdenac fut choisi comme refuge par les hommes, depuis les temps les plus anciens (plus de 3.000 ans av J.C.). Capdenac fut en effet certainement un des premiers oppida du Lot à bénéficier de fortifications.

Le site de Capdenac ne présente qu’un seul point faible, une bande de terre d’une centaine de mètres qui relie la partie où se trouve le village, au reste du  plateau. C’est donc ce point faible que les divers défenseurs du site s’appliqueront à défendre chacun à leur manière, tout au long des siècles, pour aboutir au système très élaboré qui fut mis en place au XIVème siècle.

Les premières défenses de Capdenac furent mises au jour en 1967 lors des tranchées de conduites du GAZ de LACQ . Ces tranchées révélèrent la présence d’un mur constitué de gros blocs de pierres, remontant à l’époque gauloise, au vu des objets découverts sur place. Ce mur était précédé d’un immense fossé. Les frères Champollion et leur ami Jacques-Antoine Delpon avaient, en 1816, déjà fouillé cet ensemble, ils y trouvèrent de nombreux objets antiques contemporains de la guerre des Gaules. Les frères Champollion et Jacques-Antoine Delpon attestèrent lors de ces travaux, que Capdenac correspondait parfaitement en tous points, à la description du site d’Uxellodunum*, qui fut le dernier bastion gaulois à résister à César, en 51 avant J.C. (voir livre VIII de la Guerre des Gaules). 

 

Les premières fortifications de Capdenac servaient donc à barrer ce passage de 100 mètres, par un grand mur précédé d’un fossé. 

Ensuite, ce sont les Romains qui transformèrent le système défensif de Capdenac, en réduisant la superficie de la place. Ils reculèrent les fortifications, et y inclurent une grande porte composée de deux tours circulaires, qui fut démolie vers 1865 pour élargir le passage de la route. 

Les fortifications romaines semblent avoir été restaurées par les Wisigoths, qui y apportèrent peu de modifications. L’évolution du système défensif de Capdenac va avoir principalement lieu au XIIIème et XIVème siècle, et donneront le plan élaboré dont nous allons voir le détail. 

Le système mis en place est cité en exemple dans plusieurs chartes, où il est même mentionné que Capdenac est la ville « la plus forte d’ici à Lyon ».

Les défenses étaient donc composées de deux enceintes, séparées  par un grand fossé. Pour accéder à l’intérieure de la ville, il fallait passer par pas moins de quatre portes et un pont-levis.

La première porte 

La première porte était située dans une sorte d’encoche dominée de tous côtés par les remparts, du haut desquels les défenseurs pouvaient repousser les assaillants. 

La porte de César : La porte de César était le deuxième obstacle à franchir pour prendre la ville d’assaut. Cette porte avait été conservée depuis l’époque antique, et inclue dans le système défensif médiéval de Capdenac. Les deux larges tours circulaires percées de meurtrières en défendaient l’accès. Comme nous l’avons vu ce fantastique ouvrage fut démoli à la fin du XIXème siècle, néanmoins, nous possédons un très beau croquis effectué par Jacques-Joseph Champollion.


Croquis de la porte de César, réalisé par Jacques-Joseph Champollion

La porte de Gergovie : C’est la troisième porte à franchir. Elle constituait avec la porte de César, une puissante barbacane. Deux meurtrières, ainsi qu’un assommoir  servant à déverser divers projectiles ou liquides sur les assaillants sont encore visibles. La barbacane avait pour but d’empêcher le maniement du bélier, en ne procurant pas le recul nécessaire à la manipulation d’un tel instrument d’assaut.

Le franchissement d’une barbacane était très difficile, et pouvait causer la perte de nombreux hommes. 

Le pont-levis : Une fois la barbacane passée, la première enceinte de Capdenac était vaincue, les défenseurs pouvaient regagner la seconde enceinte par un souterrain, dont l’entrée est toujours visible dans le fossé.

La seconde enceinte était défendue par un grand fossé creusé à même le roc. Pour franchir ce fossé, un pont-levis fut aménagé, et lors d’un siège, celui-ci constituait un obstacle majeur.  

La porte Comtale : Après avoir passé trois portes et un pont-levis, un ultime ouvrage défensif barrait la route aux assaillants, c’était la porte comtale, qui s’ouvre sur la rue de la Peyrolerie. Cette dernière porte se trouvait proche de l’habitation du comte qui commandait la ville d’où son nom. 


La citadelle : Une fois la porte Comtale franchie, les envahisseurs se trouvaient dans la cité, mais là commençait un autre siège. Capdenac était en effet pourvu d’une importante citadelle commandée par un donjon, qui domine toujours le village, de sa terrasse crénelée.

La citadelle possédait deux enceintes totalement indépendantes des défenses de la ville. Pour déloger les derniers résistant, il fallait donc franchir les deux portes des enceintes de la citadelle. Une fois les enceintes de celle-ci franchies, il restait le donjon, ultime refuge de la ville.  

Le donjon : L’accès au donjon se faisait se faisait par une porte du deuxième étage, celle-ci est encore intacte aujourd’hui. On y montait par un escalier escamotable. Même une fois la citadelle prise, la résistance pouvait continuer dans le donjon. Ce n’est qu’une fois le donjon pris, que la reddition de Capdenac était totale.
 

Un vaste réseau de souterrains servait également à cacher des vivres et des armes, quelques portions furent remises au jour, mais non explorées lors de divers travaux effectués dans le village.
 

Portes Sud ou Narbonnaise 

Ces portes disposées en barbacane constituaient le deuxième accès à la cité de Capdenac. Le chemin qui les traverse n’est autre que la treizième voie de César, importante voie romaine reliant Narbonne à Limoges. Cette voie de communication fut pendant de très longs siècles très fréquentée, et on nous rapporte une amusante anecdote à son sujet : « Ce fut sous l’évêque Itier et Aymar, abbé de Saint-Martial de Limoges, qu’un seigneur limousin appelé Simplicius, fit venir de Narbonne des pièces de marbre pour orner cette église. On les fit passer par Capdenac, comme étant la route la plus courte, et il est à noter que les soldats qui gardaient la citadelle de cette petite ville abattirent un pan de muraille pour les introduire dans l’enceinte de la cité. Le gouverneur de cette place comptant pour peu de chose une brèche faite à un rempart, quand il s’agissait de faire une bonne œuvre, en laissant passer des colonnes de marbre destinées à l’embellissement de l’église que l’on bâtissait en l’honneur de saint Martial. » On ajoute que « seule une paire de petites vaches suffirent pour traverser le Lot, et gravir la longue côte de Capdenac » 

Capdenac ne fut jamais attaqué sur son versant sud bien trop difficile d’accès.

Conclusion 

Grâce à son système défensif très élaboré, la vieille cité capdenacoise ne fut jamais prise d’assaut. Capdenac connut néanmoins de nombreux sièges, près d’une douzaine, au cours des siècles.  

Porte Sud Capdenac sous la neige, 2005

*L’Association Pour Uxellodunum à Capdenac reprend depuis 2002 les arguments des diverses recherches qui ont défendu la thèse Capdenac-Uxellodunum.

 

 

                                                                                                                      Mathieu MARTY

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