Amédée Lemozi
sa vie, son oeuvre.

 

Recherches et réalisation : Serge Roussel, chargé de mission au Musée Amédée Lemozi,
avec la participation de Marthe et Geneviève Vinel.

 

Un essai de bibliographie des travaux du Chanoine Amédée Lemozi a été publié par Michel Lorblanchet dans le Bulletin de la Société des Etudes du Lot, tome XCI, 1970, 3° fascicule, p.107-110.


1882
Naissance le 11 janvier au Mas del Pech, commune de Lentillac (maintenant appelée Lentillac du Causse), canton de Lauzès (Lot). Il est le troisième garçon d'une famille de petits cultivateurs. Le père, Martin, s'occupe surtout d'exploitation forestière. Le fils ainé, Henri, est né en 1874 ; puis Edouard en 1878. Il y aura une petite sœur, Bernadette, en 1885. Amédée est baptisé à l'église de Lentillac le 12 janvier.

1888
Le jeune Amédée fréquente l'école communale de Lentillac, als Mases (Les Mazes; en occitan mas veut dire hameau). Près de l'école se trouve lo tombèl dels gigants, grande pèira levada (dolmen) bien conservée et chargée de légendes. Les enfants y mangent et s'y amusent. Croyant renouveler un rite ancien, ils s'allongent sur la table  et se font périodiquement "égorger" par un camarade préposé au rôle de "druide" et muni d'un couteau... en bois.

 

1893
En septembre, Amédée effectue son premier pélerinage à Rocamadour avec sa famille. Le trajet se fait à pied (45 km aller). Il exprime le souhait de devenir prêtre.

1894
De mars à novembre, il continue les études chez les Chers Frères de Gramat. Il en est chassé par une épidémie.

1895
Il étudie le latin pendant quelques mois auprès de l'abbé Cros, curé de Lentillac.

Le 14 octobre il entre en 7° au Petit Séminaire de Montfaucon (au Nord de Labastide Murat, Lot).



Edmond Albe

1897
Elève de sixième, Amédée tient un journal où il a écrit sur la première page : "Cavernes à visiter pendant les vacances de 1897 dans les environs de Lentillac : grotte-cuzoul de Marcenac, grotte de Clary, grotte de Barthélémy, etc..." ("cuzoul" est un mot occitan qui s'écrit cusol et signifie grotte).
Le chanoine Edmond Albe (1861-1926), très bon spéléologue, est son professeur d'Histoire. Il initie certains élèves à la spéléologie. Découverte de la revue Spelunca.

1902
Conseil de révision : il est reconnu « bon pour le service », dispensé en tant qu'élève ecclésiastique. Il n'effectuera donc qu'un an au lieu de trois. On note qu'il mesure 1,64 m.

1903
Le 12 octobre il entre au Grand Séminaire, à Cahors. Le 14 novembre début du Service Militaire, à la caserne du 7° de ligne à Cahors.

1904
Le 18 septembre, fin du Service Militaire. Le 6 octobre, retour au Grand Séminaire.

1905
Le 29 juin, c'est la cérémonie de la première tonsure. Désormais le séminariste portera la soutane.
En décembre, à Paris, vote de la loi de séparation de l'Eglise et de l'Etat .

1906
En décembre, les élèves du petit séminaire de Montfaucon sont expulsés.

1907
Fermeture du petit séminaire de Montfaucon. Le petit séminaire est transféré à Gourdon.
Le 17 décembre, Amédée Lemozi est ordonné sous-diacre.

1908
Le 14 mars, il est ordonné diacre. Le 29 juin, il est ordonné prêtre à Cahors par Monseigneur Laurans.
A partir du 11 juillet, à Caniac, il assiste l'abbé Ferrié, victime d'un accident. A partir du 6 octobre, il est maître d'étude au petit séminaire, à Gourdon.

1909
A partir du 13 août, il est vicaire à Rocamadour (Lot) où il est logé dans une petite chambre du château.
Travaux d'Histoire Naturelle dans le val d'Alzou (naturalisation d'oiseaux, etc ; collection qui sera distribuée aux habitants de Rocamadour en 1914).

1910
A l'automne, il découvre une publication d'Armand Viré, préhistorien de Lacave : "Fouilles de M.André Niederlender dans les dolmens et tumulus de la gare de Rocamadour". André Niederlender a dix-huit ans. Cette lecture détermine l'abbé à entreprendre lui-même des recherches et à étudier la Préhistoire. Il se procure le manuel de Joseph Déchelette, "monument" en quatre volumes publié en 1908, et fait la connaissance d'Armand Viré (1869-1926) et André Niederlender (1890-1959). Il effecue ses premières fouilles, aidé par des enfants de la paroisse.

1911, 1912, 1913
Fouilles archéologiques et explorations sur le territoire de la commune de Rocamadour : plateau, vallées de l'Alzou, de l'Ouysse ; nombreux tumuli, dolmens, grottes, abris, oppida (cités gauloise fortifiées). Le produit des fouilles est le début d'une collection que l'abbé conserve dans sa chambre, au château de Rocamadour. La religieuse qui entretient la chambre est épouvantée par la présence de "squelettes" !

1914
Le 18 juin, découverte de l'abri sous roche de Murat (commune de Rocamadour, Lot), datant du Magdalénien final et offrant une épaisseur de gisement de plus de six mètres. Sur le même site se trouve une petite grotte avec traces de peintures et gravures. Début des fouilles de cet abri, découverte d'un art mobilier très abondant (gravures sur os et galets calcaires) .
Interrompues par la guerre, les fouilles de l'abri de Murat furent terminées le 20 mars 1939. Le compte rendu et la classification des objets et dessins furent commencés en mars 1931 et terminés en 1948 (en 1950 l'abbé Lemozi mentionne un compte rendu de 539 pages et 1100 figures «encore à l'état manuscrit»).

1914-1918
Au mois d'août, l'abbé est mobilisé à Toulouse comme brancardier. Il est rapidement envoyé à Senuc dans les Ardennes où il est immédiatement victime d'une péricardite à la suite de marches forcées. Evacué à Troyes puis à Toulouse, il bénéficie d'un congé et retrouve Rocamadour de mai à septembre 1915. Fouilles ponctuelles à l'abri Murat à cette occasion. Son père décède à Cahors en 1915.
A Marmande il est infirmier auprès de malades contagieux et contracte la scarlatine; nouveau congé à Rocamadour.
Il reste infirmier pendant deux ans à la Poudrière à Toulouse. Il travaille dix heures par jour et fait les trois-huit. «En réalité, j'ai été prêtre-ouvrier pendant deux ans».
Recherches et fouilles à Moissac et environs (Tarn et Garonne), Marmande (Lot et Garonne), La Réole (Gironde), Toulouse et environs (Haute Garonne).

1919
L'abbé Lemozi est démobilisé le 11 mars.
Le 23 mai, à l'abri de Murat (Rocamadour) il découvre la présence de gravures sur les parois. Il s'agit de la première découverte de ce type   faite en Quercy : de l'art pariétal associé à de l'art mobilier (gravures sur os et galets calcaires).
Il  est nommé curé de Cabrerets. Armand Viré et le chanoine Albe, pressentant les potentialités archéologiques de cette localité, seraient intervenus en haut lieu pour y faire muter l'abbé !
Son installation officielle est effectuée le 12 octobre par l'abbé Delsahut, curé-doyen de Lauzès.
Sa mère vient s'installer avec lui à Cabrerets. Elle s’occupe du presbytère et lui sert de gouvernante.
A partir de cette date et jusqu'à son départ du village en 1969, l'abbé effectue des recherches et fouilles archéologiques suivies à Cabrerets et au confluent Lot-Célé. Il initie les enfants de Cabrerets à l'archéologie.

1920
Première incursion dans le réseau supérieur de la grotte du Pech Merle, à la suite d'enfants de Cabrerets.
Découverte, avec André Niederlender des peintures pariétales de la grotte des Merveilles, à Rocamadour (Lot).
Découverte des peintures et gravures de la grotte Marcenac, sur le Pech Merle (Cabrerets).
Découverte des gravures de la grotte de Ste Eulalie (vallée du Célé), où il effectuera des fouilles jusqu'en 1935.
Découverte des peintures et gravures de la grotte du Cantal, à Cabrerets.



cliquez pour agrandir

 


cliquez pour agrandir

1922
Au mois d'août, à la suite d'André David, l'abbé explore le réseau supérieur de la grotte du Pech Merle (Cabrerets, Lot).
En septembre, André David (1906-1977) et Henri Dutertre (1907-1979) découvrent le réseau inférieur et les peintures préhistoriques de la grotte du Pech Merle. L'abbé Lemozi entreprend aussitôt leur étude. Dans des conditions d'accès particulièrement difficiles, il mène à bien ce travail en un an environ, aidé tout particulièrement par André David.
Le 2 décembre, à Cahors, il prononce une conférence sur la Préhistoire en Quercy qui inaugure les fêtes du 50° anniversaire de la fondation de la "Société des Etudes du Lot".

1923
L'abbé Lemozi est nommé membre correspondant du Ministère des Beaux-Arts (plus tard : du Ministère de l'Education Nationale), commission des monuments historiques, section préhistorique.

1922, 1923, 1924
Il dirige les travaux du Pech Merle : relevé du plan de la cavité, percement du puits d'accès, aménagements  de la grotte pour les visites, construction de la route d'accès au site. Tout cela est effectué grâce au mécénat de M.Jean Lebaudy et Melle de Gouvion Saint Cyr.
La grotte du Pech Merle, que l'abbé Lemozi désigne toujours par l'expression "grotte-temple" est ouverte au public en juillet 1924.

1929
L'abbé Lemozi publie l'ouvrage "La grotte temple du Pech Merle, un nouveau sanctuaire préhistorique", chez Picard à Paris, avec le soutien financier de M.Jean Lebaudy et Melle de Gouvion Saint Cyr.
Début des travaux de restauration, financés par Jean Lebaudy, d'une "vieille et belle maison, autrefois propriété du château, située près de l'église" en vue de l'ouverture d'un musée de Préhistoire. Il s'agit d'une ancienne remise du château de Gontaud, dont les premières constructions remonteraient à la fin du XIV° siècle. Dans le même temps, construction d'une "Maison d'œuvres".

 

1930
A la demande de l'Alliance Française ("association fondée par J.Cambon, en Algérie, pour l'extension de la langue française à l'etranger"), Amédée Lemozi effectue du 11 au 29 janvier un séjour en Grande Bretagne.
Il s'agit d'une tournée de onze conférences dans lesquelles l'abbé expose ses recherches et présente la grotte du Pech Merle et ses peintures pariétales. Des panneaux en grandeur naturelle reproduisent les peintures préhistoriques.
Les conférences ont lieu successivement à Londres, Portsmouth, Derby, Southampton, Reading, Leicester, Blackpool, Newport, Cardiff, Bristol, Oxford.
Suite des travaux de restauration du bâtiment du futur musée.

1931
Il publie un carnet de 15 cartes postales détachables, destiné aux visiteurs de la grotte et intitulé "Grotte-Temple du Pech Merle" (photographies d'ensemble de la grotte, photographies et relevés de panneaux de peintures sont précédés par une introduction de quelques pages qui résume son livre de 1929).

1931, 1932
Mise en place des premières vitrines dans le musée.

1932
L'abbé Lemozi participe à une conférence radiophonique depuis le fond de la grotte du Pech Merle.

1933
Installation au musée des objets de sa collection de Préhistoire.
L'abbé Lemozi devient curé-doyen. Le doyenné est une subdivision administrative dans la religion catholique qui correspond à peu près au canton. Le curé-doyen dispose en principe d’une autorité sur les prêtres du canton. En pratique et à cette époque, cela consistait essentiellement à organiser des réunions d’information et de concertation avec les autres prêtres.
Publication d'une revue paroissiale mensuelle : "Le petit nouvelliste de Cabrerets-les-grottes (Lot) et du Canton de Lauzès". Outre la relation des évènements d'actualité et de la vie religieuse locale, l'abbé Lemozi y publie des articles scientifiques sur ses découvertes archéologiques. Le n°1 parait en mars 1933. En 1934, l'abonnement annuel est de 7 francs et le numéro coûte 0,50 francs. "Vente au profit des œuvres de bienfaisance". La parution se poursuit jusqu'en 1939.

1934
Le musée et la "Maison d'oeuvres" sont inaugurés le 27 août, en présence de Monseigneur l'evêque de Cahors.
La "Maison d'oeuvres" est une maison familiale et ménagère où les jeunes filles de la région viennent trouver un enseignement ménager, aident les malades à domicile et accueillent et renseignent les visiteurs du Musée.

1935
L'abbé Lemozi est nommé "chanoine honoraire".
La maman de l’abbé est âgée et fatiguée ; elle ne  peut plus assurer l’entretien du presbytère. Il faut dire que M.le curé de Cabrerets reçoit beaucoup : des préhistoriens et personnalités diverses, attirés par la grotte. Certains jours le presbytère prend des allures de restaurant. Marie Louise Delon, une veuve de guerre qui depuis de nombreuses années s’occupe de l’église, de l’entretien du linge liturgique et enseigne le catéchisme aux plus petits, devient sa gouvernante.

1936
Collaboration importante au Congrès national de Préhistoire de Toulouse-Foix.

1938
A la fin du mois de novembre, décès de sa mère à l’âge de 87 ans, à Cabrerets.


cliquez pour agrandir

1942, 1943
Aménagement du château de Gontaud, par Jean Lebaudy et Melle Georgina Murat, puis transfert des collections du musée. Le château de Cabrerets devient "musée régional" et accueille dans un cadre magnifique les objets préhistoriques découverts par le chanoine Lemozi. André Niederlender y dépose ses collections en 1943, Armand Viré en fera de même en 1945, puis le docteur Cadiergues (1867-1960) en 1946. André Niederlender fait office de conservateur du musée.

1946
Création au château d'une "importante bibliothèque scientifique, à la disposition des spécialistes et des chercheurs". Le premier fonds est alimenté par la bibliothèque personnelle de l'abbé Lemozi.
Création d'une "Société du Musée" le 26 juillet.

1949
Le 2 décembre, André David découvre de nouvelles galeries dans la grotte du Pech Merle : le réseau du Combel. L'abbé Lemozi entreprend aussitôt l'étude des riches peintures de cette partie de la grotte.


cliquez pour agrandir

1950
Exposition au Musée du château de dessins reproduisant les peintures pariétales du Combel du Pech Merle.
Le 22 mai, le Musée de Cabrerets accueille les membres du Congrès des Sociétés académiques et savantes (Toulouse et Bordeaux) qui se tient à Cahors.

1951
En février, le chanoine Amédée Lemozi est nommé Chevalier de la Légion d'Honneur, sur le rapport du Ministre de l'Education Nationale, en qualité de "Préhistorien, membre de la Société des Etudes Littéraires Scientifiques et Artistiques du Lot". La remise est effectuée à Rocamadour le 6 juin par l'abbé Marty, curé de Cambes. On note la présence à cette cérémonie de son frère Henri, de ses amis archéologues André Niederlender et Raymond Lacam, d'amis et voisins de Cabrerets et des environs.

1954, 1955
L'abbé Lemozi organise la construction d'un oratoire dédié à la Vierge Marie, "Notre Dame de Cabrerets, patronne des voyageurs", à la sortie du village, au pied de la route qui conduit à la grotte du Pech Merle. L'inauguration officielle aura lieu en 1960.

1962
Le 21 octobre, l'abbé Lemozi célèbre sa dernière messe à Cabrerets, en tant que curé de la paroisse. Il se retire le 22 octobre au "Foyer Pierre Bonhomme" de Gramat (Lot).

1963
En juillet, l’abbé Lemozi revient s’installer à Cabrerets. Il loge désormais à la "Maison d'œuvres".

L'abbé poursuit ses recherches archéologiques. Se faisant conduire en automobile, il effectue des excursions-pélerinages dans la région proche. Il visite beaucoup ses anciens paroissiens de Cabrerets et ne manque pas de s'arrêter à Lentillac, son village natal.

1964
Jean Lebaudy vend le château qui abrite le musée. L'abbé Lemozi fait don de ses collections à la commune de Cabrerets. La municipalité s'engage à construire un bâtiment pour les accueillir et les présenter au public (le Musée "Amédée Lemozi", Musée de Préhistoire départementale du Lot et Musée de site associé à la grotte,  a été effectivement édifié au Pech Merle. Il est ouvert depuis 1981).

1965
Au mois de mai, le chanoine Lemozi est nommé Officier de l'Ordre National du Mérite, en qualité de «curé, doyen de la Société Préhistorique de France». La remise a lieu le 20 juin.

1969
Il se retire définitivement au foyer Pierre Bonhomme, à Gramat  (Lot).

1970
Le 15 juin, le chanoine Lemozi décède au foyer Pierre Bonhomme de Gramat. Il a 88 ans passés. Il est enterré dans le cimetière de Cabrerets le 17 juin, en présence de l'évêque de Cahors, Monseigneur Bréheret.

Retour aux Historiens quercinois

Haut de la page


Quercy.net